De Wever porte l’estocade au Vlaams Belang

La N-Va s’est trouvée un nouveau cheval de bataille : la « catastrophique » politique d’immigration du fédérale. Un canasson qui n’a l’air de rien, mais qui était pourtant jusqu’ici réservé qu’au Vlaams Belang. Une ruade dans les brancards qui pourrait sonner l’hallali du parti extrémiste.

En s’appropriant le thème de l’immigration, la N-VA prive le Vlaams Belang d’un de ses thèmes de prédilections. Le plus surprenant est que, malgré son discours musclé sur l’immigration, De Wever s’empresse de préciser que la N-VA n’est pas un parti anti-étranger ou anti- immigration. Non, ce que souhaite le parti c’est simplement s’attaquer à l’immigration d’une autre et meilleure façon, sans ces tabous qui ont déjà coûté trop de temps. Dans cette optique, et selon De Wever, toutes les idées du Vlaams Belang sur le sujet ne sont pas à jeter. Après avoir siphonné pas mal de voix en jouant la carte du « bon flamand », la N-Va s’attaque donc désormais à ce qui restait le dernier bastion du Vlaams Belang : le thème de l’immigration.

Bart De Wever n’a jamais caché son aversion viscérale pour le VB. Il s’est toujours vu comme le chevalier blanc qui allait retirer le nationalisme flamand des crocs de l’extrême droite. Et il l’a fait avec tant de conviction que nombre de membres du Vlaams Belang l’ont suivi. Bien sûr, ces transfuges ont suscité critiques et remous jusqu’au sein même du parti. Intellectuellement malhonnête, mais une stratégie sans faille d’un point de vue politique. Il semble aujourd’hui que Bart passe à l’étape suivante et veuille aujourd’hui donner le coup de grâce au Vlaams Belang. Pour ce faire, il joue sans retenue la carte de l’immigration. Il va même pousser le vice jusqu’à le faire dans l’ancien « fief » du Vlaams Belang à Anvers.

En utilisant la technique bien connue de Karl Rove, le conseiller de George W. Bush « attaque ton adversaire sur son point fort et transforme-le immédiatement en faiblesse », Bart De Wever porte-t-il l’estocade à son ennemi mortel ? Avec cette méthode va-t-il limer les crocs de Dewinter? C’est fort probable. Surtout si Bart De Wever arrive à conjuguer ses positions sur l ‘immigration avec son compassionate conservatism, son conservatisme de compassion qui le fait plus que toute autre chose vibrer. Ce pas de deux est possible en traitant, par exemple, avec circonspection la question « Que voulons-nous comme immigrants ? ». Si De Wever parvient à trouver ce délicat équilibre, il est fort à parier que Dewinter n’aura plus qu’à se rabattre sur le noyau dur du Vlaams Belang. Soit une minorité sociologique qui dans un pays civilisé ne devrait pas représenter de quoi se faire élire.

Simon Demeulemeester

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