Bart De Wever © Belga

De Wever informateur? Pourquoi l’idée irrite

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Confier une mission royale au président de la N-VA est une piste sérieuse. Mais la piste d’une alliance avec le PS aura peut-être vécu. Et les informateurs actuels… ne rêvent-ils pas de devenir eux-mêmes préformateurs?

La piste d’une désignation de Bart De Wever comme informateur par le palais, la semaine prochaine, à l’issue du rapport final du duo actuel Bouchez – Coens, exposée par levif.be mardi, reçoit encore des échos dans la presse ce mercredi matin. En Flandre, singulièrement au CD&V, on insiste toujours sur l’importance d’associer la N-VA et d’avoir une majorité dans le groupe linguistique néerlandophone. Faute de quoi, les partis flamands pourraient être qualifiés de « traîtres », rappellait ce matin Eric Van Rompuy (CD&V) en mission commandée. Traduisez: ce serait un suicide politique pour ceux qui renverraient les deux premiers partis du Nord (N-VA et Vlaams Belang) dans l’opposition.

A bonnes sources, on nous confie toutefois quelques raisons pour lesquelles cette idée irrite. Pour décoder, il faut pouvoir lire entre les lignes des considérations stratégiques et des luttes d’egos qui paralysent actuellement la situation.

Un: cette mission n’aurait de sens que si elle passe un cap, sous la forme d’une préformation par exemple. Désigner Bart De Wever informateur, ce serait potentiellement brûler une cartouche ou perdre du temps, c’est selon. Il faudrait, pour cela, avoir la conviction qu’un dialogue constructif entre N-VA et PS est possible, ce qui est loin d’être le cas – même si, dit-on, des « travaux techniques » sont en cours avec les deux partis à la table.

Deux: La mission des informateurs actuels, Georges-Louis Bouchez (MR) et Joachim Coens (CD&V), a précisément été prolongée pour valider ou invalider définitivement l’idée d’une alliance entre PS et N-VA. D’ici mardi prochain, l’ambition est de mener à bien cette mission. Comprenez: lors du rapport au roi, cette piste aura peut-être été abandonnée, ouvrant la voie à une Vivaldi (socialistes, libéraux, écologistes et CD&V). Cette Vivaldi est par ailleurs loin d’être une certitude, car il faudra convaincre le CD&V, ce qui ne sera pas une mince affaire. L’idée d’une coalition avec les seuls Open VLD, SP.A et Groen du côté flamand et l’appui du CDH du côté francophones semble trop fragile. Bref, comme le confient certains, on n’est pas très avancé encore…

Trois: les querelles stratégique et d’egos du côté francophone entre MR et PS, plus précisément entre Georges-Louis Bouchez et Paul Magnette, ne doivent pas être sous-estimées. Le président du MR souhaite réussir là où Paul Magnette avait échoué: poser les jalons d’un futur gouvernement fédéral. Ce serait une victoire pour ce jeune promu qui grimpe les échelons à la vitesse de l’éclair. A son avantage: il relaie les aspirations d’une majorité en Flandre, là où le PS s’accroche à sa volonté d’une Vivaldi aux accents progressistes, plutôt aveuglément francophones.

Quatre: Ceci découlant de tout cela, la piste De Wever pourrait être soit abandonnée, soit prématurée. Dès lors, une autre piste existe: la possibilité de prolonger encore la mission des informateurs actuels, Georges-Louis Bouchez et Joachim Coens. D’aucuns rappellent que la mission de Didier Reynders (MR) et Johan Vande Lanotte (SP.A) a bien duré quatre mois. Le duo Bouchez-Coens pourrait aussi être « rehaussé » d’un cran et les deux hommes devenir préformateurs d’une Vivaldi aux accents recentrés à droite ou d’une N-VA / PS avec des connotations sociales.

Inutile de dire que cette double piste-là risque aussi d’en irriter plus d’un, tant au niveau de la ligne que du casting.

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