© Belga Image

De quelle manière la presse flamande participe-t-elle à la stratégie des terroristes?

Les journaux flamands relatent différemment les attentats commis par des musulmans que ceux qui sont le fait de non-musulmans, ressort-il d’une étude de l’Université d’Anvers (UAntwerpen). S’il est fidèle à l’islam, l’auteur est ainsi plus souvent traité de « terroriste ». « Il y a dès lors un danger que les gens associent automatiquement et spontanément le terrorisme aux musulmans », préviennent les chercheurs, qui ont scruté les attaques perpétrées entre 2001 et 2016.

Des étudiants en sciences politiques ont examiné la manière dont les journaux du nord du pays (De Standaard, De Morgen, Het Laatste Nieuws et Het Nieuwsblad) abordaient le terrorisme dans leurs colonnes et quels pouvaient en être les effets sur l’opinion publique. Ils se sont ainsi penchés sur la façon dont les attentats islamistes, comme celui de Paris, ont été dépeints comparativement à des attaques du même genre mais non commises par des musulmans, à l’image de celle perpétrée par Anders Breivik en Norvège. « Dans tous ces journaux, les musulmans sont plus souvent traités de ‘terroristes’ que les non-musulmans », concluent les chercheurs.

Pourtant, tous les attentats étudiés ne sont pas terroristes dans les faits.

En outre, les attaques islamistes se concentrent davantage sur l’auteur, par exemple sur son passé et sa religion, et bien moins sur les victimes, relèvent-ils.

Lors d’attentats terroristes, 75% des auteurs musulmans sont ainsi décrits comme des terroristes, alors que ce chiffre n’est plus que de 26% pour les autres.

« Nommer quelqu’un de la sorte n’est pas innocent. D’après une recherche de suivi expérimental, après avoir lu un article dans lequel le mot ‘terrorisme’ est utilisé, les gens ont moins confiance dans les musulmans et ont plus peur du terrorisme », analyse Sofie Gebruers, l’une des auteurs de l’étude, qui prévient du risque d’association entre terrorisme et islam. « Cela est problématique car semer la peur est précisément l’un des objectifs les plus importants des terroristes », poursuit l’étudiante anversoise. « De cette manière, les médias facilitent leur stratégie. Nous appelons donc les rédactions et les journalistes à être vigilants et à éviter la stigmatisation des musulmans. En outre, nous espérons que le consommateur de médias lira le journal d’une manière critique, en ayant à l’esprit le risque de préjugés. »

Contenu partenaire