De la nécessité d’un autoabécédaire, réponse à Claude Demelenne

Respecter la liberté de pensée est une règle à laquelle on ne peut déroger. Toutefois, la difficulté pour ce qui concerne la pensée de Claude Demelenne, c’est son insaisissabilité. Que pense-t-il ? Que veut-il ? A le suivre depuis longtemps, une chatte n’y retrouve pas ses petits.

En tout cas, il « pisse de la copie ». Partout où il se cherche, du « socialisme rebelle » (titre de son entretien de complaisance avec Elio Di Rupo), à un PS qu’il présentait comme une magnifique « exception européenne », en passant par le port de Bruxelles, par le regretté Journal du Mardi, par Ubu-Pan et par un livre contre l’Islam cosigné avec Alain Destexhe, qu’il fait mine, dans une récente tribune, de citer sans y toucher. Certainement veut-il marquer un territoire, le sien : besoin logique. Mais vous, retrouvez-vous dans son apologie de la N-VA comme parti de la grande ouverture de l’humanisme pluriculturel et féministe, le fil logique suivi par celui qui écrivait il y a peu, à propos de Laurette Onckelinx : « Puisque le PS fait patte douce aux croyants, la note biblique s’impose : cette femme est une bénédiction du ciel. Si elle n’existait pas, les socialistes devraient l’inventer (…) Laurette Onkelinx, c’est le portrait-robot du candidat socialiste idéal » (Pour un socialisme rebelle, suivi d’un entretien avec Elio Di Rupo, p.111-112). A-t-il dès lors demandé à « sainte Laurette » ce qu’elle pensait de l’ouverture N-VA ?

Celui qui a publié un abécédaire du socialisme devrait penser à écrire un autoabécédaire du louvoiement

Quant à sa dernière analyse, il est clair qu’il veut dire du mal des libéraux – ce qui est une tentative ou une tentation constante chez lui. Rien de neuf, donc. Sauf que même ça ne coule pas de source, car finalement ce qui ressort quand on le lit, hé bien c’est que le MR est un parti de centre droit assumée, rationnelle et bien plus efficace que nombre de groupuscules inutiles à la droite de l’échiquier. Le MR est un mouvement qui mène depuis des années une politique migratoire équilibrée, qui refuse catégoriquement de détricoter les lois avec des accommodements dits raisonnables, qui respecte les droits et libertés de chacune et de chacun, qui a refusé de jouer la séduction (faire « patte douce » comme dit Claude Demelenne à propos du PS et des croyants) pour attirer les électeurs ne partageant pas les valeurs de notre société laïque et progressiste fondée sur l’égalité de l’homme et de la femme… Enfin, pour le MR l’immigration est un défi qui ne pourra être remporté dans l’efficacité et la dignité que via la collaboration entre les Etats – et pas par les attitudes rodomontesques d’un ex-secrétaire d’État (d’ailleurs, en ce domaine, qu’a pu réaliser Theo Francken en dehors du gouvernement de Charles Michel ? RIEN). Mais cela, Demelenne le démêle en tentant de montrer que c’est mal… Lui qui à propos de l’Islam écrivait : « L’insupportable diabolisation. Un peu partout en Europe et aux États-Unis, ceux qui pratiquent cette religion sont traités de suspects (…) Certains militants anticléricaux du POB avaient pareillement couvert d’opprobre non seulement les évêques, chiens de garde de la bourgeoisie catholique, mais aussi tous les croyants. Le PS n’a pas commis la même erreur avec les musulmans (…) le PS est la formation qui a le plus séduit (je souligne) les Belges de confession musulmane… » (Dico PS de A à Z une exception européenne, p.84). Il faudrait savoir, et d’abord pouvoir comprendre ce que veut Claude Demelenne : une société libre ? Ça n’y ressemble pas. Souhaite-t-il une victoire de la N-VA à Bruxelles ? On pourrait le penser en lisant ce qu’il écrit. Mais non, un tel ralliement serait en contradiction avec ce qu’il écrivait à l’entrée « Séparatisme » de son abécédaire socialiste : « Séparatisme : Le retour des tribus, à l’heure de l’Europe. Un non-sens… ‘Ce que la Flandre fait elle-même, elle le fait mieux’. La grenouille séparatiste a toujours voulu se faire plus grosse que le boeuf. Elle monte, elle monte, la sale bête. Mais elle n’a pas encore gagné la partie. Les socialistes flamands sont historiquement antinationalistes. Ils ne monteront pas dans le ridicule wagonnet flamingant, en quête d’une pureté dangereuse » (op. cit., p.135). Force est de reconnaître que ce propos viril ne laissait nullement présager les louanges du nouveau converti ! Celui qui a publié un abécédaire du socialisme devrait penser à écrire un autoabécédaire du louvoiement.

Bon, allez, il y a quand même quelque chose de clair : il rêve d’un échec pour le MR et l’annonce ! D’une certaine façon tant mieux : Claude Demelenne s’est déjà tellement mêlé les pinceaux dans ses réflexions et ses esquisses, il s’est tellement trompé lui-même et ses lecteurs, que s’il avait annoncé le contraire, on pourrait s’inquiéter.

Chers habitants de Bruxelles et de Wallonie, ne prenons pas la vessie de Claude Demelenne pour une lanterne. Examinons les projets politiques, économiques, sociaux et culturels des différents partis capables de répondre aux défis climatiques et aux enjeux sociétaux. Ce sera ensuite l’heure des choix électoraux. Mais ce qui doit nous rassembler, c’est la volonté de transmettre à la génération suivante un monde viable, une économie durable, une démocratie réconciliée.

Richard Miller

Député MR.

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