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De l’humain et de la technologie pour sécuriser la vie nocturne en ville

La sécurisation de la vie nocturne dans les grandes villes d’Europe nécessite des investissements humains et technologiques de la part des pouvoirs publics ainsi que la participation des associations, des riverains et de l’horeca, ont souligné jeudi plusieurs spécialistes à l’occasion du Forum européen de sécurité urbaine, à Barcelone.

A Rotterdam, la ville parie notamment sur la technologie: des détecteurs sonores avertissent des dépassements de bruit dans les quartiers centraux, et des responsables sécurité ont été désignés dans les principaux lieux de vie nocturne (cafés, discothèques). Ils portent un beeper en poche grâce auquel ils signalent aux services de sécurité un incident et son niveau de gravité.

Mais la technologie n’est pas la panacée: des stewards de la vie nocturne, médiateurs en veste bleue, veillent aux situations qui se tendent. « Simplement demander si tout va bien aux premiers signes de tension permet de réduire la violence », témoigne Rien van der Steenoven, de la plate-forme néerlandaise de la vie nocturne.

L’investissement humain est primordial aux yeux de Yazid Kherfi. Cet ancien délinquant dirige une maison de quartier (« Médiation nomade ») en banlieue parisienne, qui propose jusque tard en soirée, avec le soutien des municipalités, des activités de socialisation (jeux, thé) dans des quartiers et à des heures jusqu’alors désinvesties par les pouvoirs publics.

« Il faut mettre les délinquants autour de la table pour comprendre leur logique, sans quoi les seuls qui leur parlent sont d’autres délinquants », rappelle-t-il. « Si on ne propose aux jeunes que des caméras, des digicodes, des grilles, la radicalisation violente n’est plus loin ». Sa solution, c’est d’occuper l’espace public le soir avec des adultes « bienveillants », en partenariat avec les autorités municipales, dans des endroits stratégiques. « On nous dit: ‘alors on va devoir travailler le soir? ‘ – Eh bien oui! »

Certaines villes sont confrontées à des nuisances nocturnes plus festives, mais non moins nocives pour les riverains et le secteur horeca. Liège, qui préside actuellement le Forum, a investi dans le partenariat avec l’horeca au Carré. « Ça fonctionne, même s’il est difficile de prendre en charge les heures tardives », commente Alain Lecoq, manager des nuisances publiques à la police de Liège.

La charte signée avec l’horeca du Carré pour limiter le bruit et tenter de modérer la consommation de boissons alcoolisées semble relativement suivie, même s’il est parfois compliqué de maintenir le dialogue. Mais l’urinage en rue reste problématique, vu le coût de toilettes publiques.

Madrid a développé le même genre d’approche construite avec l’horeca et les riverains. « On a trouvé des points de rencontre et signé l’an dernier une charte des citoyens et une feuille de route d’engagements pour une vie nocturne durable », témoigne Daniel Vazquez, coordinateur sécurité de la capitale espagnole.

Ces rencontres ont en outre souligné la nécessité de modifier certaines lois régionales. Mais la Région a refusé de s’asseoir à la table, jugeant que cette compétence n’était que municipale. Dès lors, « certaines associations de riverains ont déserté notre initiative pour protester contre la lenteur des progrès ». Pour Daniel Vazquez, la nécessité d’inclure habitants et horeca à la construction d’une sécurité municipale préventive se trouve déforcée par la non-participation d’autres niveaux de pouvoir.

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