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De Brouwer à la tête de Greenpeace Belgique: « le monde politique a besoin d’être secoué »

Vincent De Brouwer prend les rênes lundi de Greenpeace Belgique, après la démission en mai dernier de Michel Genet. Cet ingénieur civil de 56 ans souhaite entre autres s’attaquer aux causes des problèmes environnementaux plutôt qu’à leurs symptômes.

Vincent De Brouwer a débuté sa carrière professionnelle dans le secteur associatif avant de rejoindre le secteur bancaire. Aujourd’hui, il décide de relever le défi de l’environnement, « un problème crucial auquel on n’attache pas assez d’importance », estime le nouveau directeur de Greenpeace Belgique lors d’une interview accordée à l’agence Belga.

Pour le Courtraisien, la problématique climatique doit être interprétée au travers du prisme holistique. « Le problème environnemental doit être vu dans des problèmes globaux tels que la justice sociale, la croissance des inégalités, les changements climatiques, etc. (…) Il faut relier l’ensemble de ces problématique pour réfléchir à une autre société, à un autre développement, à d’autres valeurs », estime Vincent De Brouwer.

Les causes plutôt que les symptômes

La nouvelle figure de l’ONG de protection de l’environnement indique que sa ligne d’action sera dans la lignée de ce qui se fait au niveau de Greenpeace international. « C’est-à-dire qu’on veut s’attaquer aux causes des problèmes environnementaux plutôt qu’aux symptômes. Je crois qu’on peut dire que, sur les 30 voire 40 dernières années, Greenpeace a gagné quelques belles batailles. Mais le combat pour un meilleur environnement n’est pas encore gagné même s’il semblerait que les pouvoirs politiques aient enfin pris la mesure du défi », souligne Vincent De Brouwer en faisant allusion à l’accord universel sur le climat adopté en décembre à la COP 21.

Un des freins à la bataille du climat est, selon lui, qu’on ne touche pas suffisamment aux racines du mal. « Une des principales racines du mal, c’est le corporate power, c’est-à-dire la démocratie qui disparaît (…) Aujourd’hui, la démocratie est de plus en plus remplacée par le pouvoir des entreprises, sans cesse plus concentrées. C’est à ça qu’il faut réfléchir pour savoir comment on peut renverser la vapeur », explique-t-il. Et de proposer de soutenir des initiatives telles que les coopératives. « Le monde politique ne fait pas assez son travail à cet égard-là. Il a besoin d’être secoué. »

Le nouveau directeur de Greenpeace cite Olivier De Schutter, ancien rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, dont il partage la vision des choses. « Trop souvent les politiques considèrent les citoyens comme étant des électeurs, voire peut-être des consommateurs mais ils ont de la peine à les considérer comme des acteurs. » Or, pour Vincent De Brouwer, le développement de demain ne passera que par la société civile en tant qu’acteur. « Le monde politique ferait donc mieux de soutenir la société civile dans ses initiatives. »

« Travailler au monde de demain »

À cet égard, le documentaire de Mélanie Laurent « Demain », récemment césarisé, a le mérite d’encourager de telles initiatives. « Personnellement, je n’ai pas appris grand chose », commente monsieur De Brouwer. « Mais ça permet de regarder la problématique climatique à travers une lorgnette positive et de ne pas toujours dramatiser. Cela donne un aperçu de ce qui se fait au niveau agricole, financier, démocratique, éducatif, … Ca permet de nous réveiller tous ensemble et de travailler au monde de demain. »

Vincent De Brouwer se dit prêt à se battre pour ses idées. « Mon rôle sera de veiller à ce que les initiatives soient libérées et en même temps, faire en sorte que tout le monde tire dans le même sens afin que nous soyons davantage audibles. »

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