© Frédéric Pauwels/Huma

« Critiquer le débat entre Shimon Peres et le recteur de l’ULB est irrationnel »

L’Université libre de Bruxelles a été agitée par des groupuscules opposés au débat, hier soir, du recteur avec le président israélien, Shimon Peres. Président du CCOJB et organisateur de cette soirée de prestige, Maurice Sosnowski a réagi dans Le Vif/L’Express.

En acceptant l’invitation de l’ambassadeur d’Israël et des organisations juives de Belgique à débattre avec Shimon Peres, 89 ans et président d’Israël, mardi soir, le recteur de l’ULB, Didier Viviers, a pris un « risque ». Irriter une fraction de son opinion publique, agitée notamment par le Comac, la branche étudiante du PTB (extrême gauche), qui l’a sommé d’annuler sa participation à une soirée académique considérée comme « un soutien ouvert à la politique criminelle d’Israël. » Le recteur a maintenu sa décision de rencontrer, au Palais des Académies, Shimon Peres, docteur honoris causa de l’ULB. Président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB) et vice-président du Congrès juif européen, le Pr Maurice Sosnowski (Institut Bordet, hôpital Erasme), a réagi, dans Le Vif/L’Express qui paraît ce jeudi, aux remous suscités par l’ « affaire Viviers-Peres », en traduisant l’inquiétude et le ras-le-bol qui gagnent à nouveau la communauté juive. Extraits :

Le Vif/L’Express : Aviez-vous anticipé ce qui allait se passer en proposant au recteur de s’associer à un événement autour du président de l’Etat d’Israël ?

Maurice Sosnowski : Le recteur l’aurait fait pour n’importe quel autre docteur honoris causa de l’ULB. Il avait même proposé d’organiser la rencontre à l’ULB mais, pour des questions de locaux et de sécurité, nous avons pensé au Palais des Académie où Hervé Hasquin, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique, a accepté d’autant plus facilement de nous recevoir que c’était lui qui avait fait Shimon Peres docteur honoris causa en 1987, lorsqu’il était recteur de l’ULB.

Ce qui est reproché à Shimon Peres est son supposé extrémisme et d' »avoir du sang sur les mains » …

C’est ça qui est le plus grave et le plus irrationnel… En tant que président de l’Etat d’Israël, il ne joue plus un rôle politique très important mais il a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1994, avec Yasser Arafat et Itzhak Rabin, pour sa contribution aux Accords d’Oslo. Il a travaillé sans discontinuer à la paix avec les Palestiniens. Il n’y avait aucune raison politique de ne pas dialoguer avec lui. Ce qui nous inquiète, justement, c’est l’influence de petits groupes d’extrême gauche comme le PTB, les étudiants FGTB ou le comité BDS (Boycott-Désinvestissement-Sanctions), qui recommandent le boycott d’Israël, de ses produits, de ses dirigeants politiques, de ses artistes et scientifiques… C’est là le gros problème. Ces petits groupes prônent une discrimination sur la base de la nationalité. Ils n’autorisent pas notre université à dialoguer, même avec une personnalité internationalement reconnue comme Shimon Peres, qui a montré à suffisance sa volonté de paix.

N’est-ce pas le symptôme d’un malaise récurrent à l’ULB dès qu’il y est question du conflit israélo-palestinien, de l’islam politique ou de l’antisémitisme ?

Encore une fois, il ne faut pas englober toute l’ULB dans des considérations qui ne concernent qu’une minorités de personnes sur le campus. L’université à laquelle je suis fier d’appartenir, a comme symboles le libre examen, la liberté de pensée, la liberté d’expression. Chacun est libre de s’exprimer et d’y défendre ses valeurs. Mais, au-delà de la liberté d’expression, peut-être n’avons-nous pas été assez vigilants dans la défense de nos valeurs morales. La protestation que nous avons vécue à l’ULB relève de la discrimination et de l’atteinte à la liberté. Je ne rejette nullement sur l’ULB la responsabilité des troubles occasionnés par cette minorité agissante et très bien organisée, presque professionnelle, mais j’espère que la majorité silencieuse et les non-juifs vont prendre position contre ces extrémistes.

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