Avec les nouvelles mesures, le Premier ministre Alexander De Croo et le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke espèrent inverser la courbe de la propagation du virus. Seront-elles suffisantes? © belgaimage

Covid en Belgique: pourra-t-on éviter un reconfinement ?

Anne-Sophie Bailly
Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Le tour de vis annoncé le 16 octobre par le gouvernement est sévère, notamment pour l’Horeca et pour notre vie sociale. Il est justifié par la propagation galopante du virus. Suffira-t-il à éloigner le spectre d’un reconfinement pur et dur?

En Europe, le reconfinement n’est plus exclu. Il a même commencé avec un lockdown imposé en Irlande et au pays de Galles où tous les commerces non essentiels sont fermés et les déplacements fortement limités. Ailleurs sur le Vieux Continent, des mesures drastiques sont prises, comme en France avec un couvre-feu dès 21 heures dans une série de grandes villes.

Chez nous, les bars et restaurants ont clos leurs portes pour un mois, un couvre-feu a été instauré de minuit à 5 heures, les écoles supérieures et universités sont passées en code orange et notre bulle sociale a été réduite à sa plus simple expression. Cela suffira-t-il pour inverser la courbe de la propagation du virus? C’est l’espoir formulé par la nouvelle équipe en place. C’est aussi la justification avancée pour faire accepter la fermeture de l’Horeca: réduire les contacts sociaux au minimum pour éviter la saturation des hôpitaux et maintenir ouvertes les écoles et entreprises essentielles. L’Horeca était la dernière variable d’ajustement qu’il restait au gouvernement De Croo pour faire baisser les contaminations sans décréter de reconfinement .

C’est maintenant la question essentielle: pourra-t-on éviter un reconfinement pur et dur à la population belge?

Car c’est maintenant la question essentielle: pourra-t-on éviter un reconfinement pur et dur à la population belge? Tout le monde l’évoque. « Si la courbe des contaminations, et donc des hospitalisations, n’évolue pas favorablement, il faudra sans doute envisager des mesures encore plus restrictives, qui pourraient s’apparenter à un lockdown comme celui imposé en mars et avril », affirmait, en on, Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral, à la DH, le mardi 20 octobre. En off, le monde politique planche également sur cette possibilité, sans l’avoir tranchée.

Pedro Facon, le commissaire corona, estime pour sa part que si la situation n’est pas désespérée, elle est « très sérieuse ». « La maison est en feu, nous devons éteindre l’incendie pour faire redescendre la pression sur les hôpitaux. » C’est dans cette logique que la stratégie de testing a été revue. Désormais, place à la priorisation pour éliminer les goulots d’étranglement dans des labos débordés. Seront donc testés les symptomatiques, le personnel soignant, les personnes vulnérables. Les asymptomatiques sont, quant à eux, priés de rester en quarantaine. Une stratégie mise en doute par Yves Coppieters, épidémiologiste et professeur de santé publique à l’ULB: « Les asymptomatiques ne resteront jamais en quarantaine. D’abord, parce qu’ils sont asymptomatiques, donc pas conscients du risque. Ensuite, parce qu’il faut avoir une vraie conscience citoyenne pour rester en quarantaine si on n’a pas de symptômes. Ce n’est pas réaliste. »

Le recours aux tests salivaires et antigéniques est également envisagé mais pas encore décidé. Tout comme l’instauration du baromètre, cent fois annoncé, autant de fois reporté. Il devrait pourtant arriver en cette fin de semaine et placer d’emblée la Belgique au niveau 4, le plus élevé. Pedro Facon a pour ambition de ramener le pays au niveau 2, en réduisant fortement le nombre de contaminations.

Reste une question: cela sera-t-il possible sans reconfinement?

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