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Coronavirus : pourquoi cette ruée vers le papier-toilette?

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

De nombreuses personnes se ruent dans les supermarchés et achètent des denrées non périssables, mais aussi de grandes quantités de papier-toilette. Pourquoi une telle frénésie s’est-elle emparée des consommateurs ?

Depuis quelques jours et en particulier depuis jeudi soir, de nombreuses personnes se rendent dans les supermarchés pour faire des provisions. Sur les réseaux sociaux, on voit apparaitre des images de files interminables aux caisses, des chariots débordants de papier-toilette et des rayons vides.

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Pourtant, ce produit d’hygiène, s’il est utile, n’est pas aussi indispensable que la nourriture. Il y a tout de même une spécificité liée au papier-toilette dans les supermarchés, note la chaine australienne ABC (là où a commencé la ruée).

Volumineux

Le papier-toilette « a tendance à être léger et volumineux, ce qui veut dire qu’un supermarché ne peut pas en stocker plus de 100-250 sur une allée », explique Gary Mortimer, professeur à l’Université de technologie du Queensland et spécialiste en commerce de détail. Les supermarchés préfèrent donc éviter de trop en stocker. Si beaucoup de monde en achète plus que d’habitude, cela peut créer une rupture de stock, mais qui ne serait que temporaire, le temps de remplir à nouveau le rayon.

En Belgique, face à cette situation, la fédération du commerce a constaté la nécessité d’accélérer la fréquence des réapprovisionnements face à une demande deux fois plus importante qu’à l’accoutumée. Mais elle a souligné qu’il n’y a cependant aucun problème de quantité.

« J’ai eu un contact avec nos entreprises et il y a plus qu’assez de produits dans nos entrepôts pour remplir les magasins. Il y a suffisamment pour répondre à la demande. Nous avons simplement des difficultés à suivre la demande« , a expliqué Dominique Michel.

Un rayon qui se vide rapidement

« Il faut dire que quand 50 paquets de papier-toilette disparaissent des rayons, vous vous en rendez vraiment compte, car ils prennent de la place », précise également Debra Grace, professeur à l’Université de Griffith, interrogée par la BBC.

« On le remarque plus que 50 boites de conserve qui disparaissent ». Ce qui pousse les consommateurs à en acheter, craignant la pénurie.

Un rayon vide au Royaume-Uni.
Un rayon vide au Royaume-Uni.© Reuters

Un effet domino

Selon Steven Taylor, professeur expert en psychologie des pandémies à l’Université de la Colombie-Britannique au Canada, interrogé par Radio-Canada, l’espèce humaine est une espèce imitatrice.

Ainsi, les images qui circulent depuis quelques jours sur les réseaux sociaux montrant des rayons vides en Australie ou aux États-Unis a fini par contaminer le cerveau de nos compatriotes au moment où les mesures allaient être renforcées dans notre pays. Il n’a pourtant jamais été question de fermer les magasins d’alimentation et aucune pénurie n’est réellement à craindre dans ce contexte.

L’effet d’entrainement initial fait boule de neige et retombe sur les consommateurs calmes qui ne veulent tout simplement pas se retrouver sans papier-toilette et qui finissent, eux aussi, par se rendre au supermarché pour en acheter.

C’est ce qu’explique l’économiste australien Justin Wolfers, sur Twitter. Il fait la comparaison avec le principe de la panique bancaire. « Même si vous n’êtes pas affolé par une pandémie, vous avez peur que tout le monde le soit et qu’ils stockent du papier-toilette », explique-t-il. « Et comme vous ne voulez pas manquer de papier hygiénique, vous le stockez afin d’éviter d’en manquer à cause des autres« .

https://twitter.com/JustinWolfers/status/1234993431375536128Justin Wolfershttps://twitter.com/JustinWolfers

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Un symbole d’hygiène

Le papier-toilette est également un symbole de sécurité et d’hygiène explique Steven Taylor. Les gens imaginent que face à un grand problème comme une pandémie, il faut de grandes solutions. Tout ce que leur propose finalement est de se laver les mains. Faire des provisions serait pour eux une manière de se rassurer et de reprendre le contrôle.

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De plus, l’infection à un virus est liée à un sentiment de dégoût. De ce fait, le papier-toilette, un produit d’hygiène, est lié à un sentiment de sécurité et est de ce fait associé à l’absence de contamination.

Le papier-toilette, objet hygiénique grand et facilement identifiable, devient alors « l’antidote du dégoût », selon Taylor.

Une icône de la panique collective

Selon Dimitrios Tsivrikos, spécialiste des sciences du comportement à l’University College London, le papier-toilette est devenu « l’icône de la panique collective ».

« Si nous pouvons remplir nos placards avec de grands paquets de papier-toilette, c’est visuellement rassurant. Parce qu’il a une durée de conservation beaucoup plus longue que les aliments, qu’il est clairement visible sur les étagères et qu’il est de grande taille, nous sommes psychologiquement attirés par ce produit en temps de crise », déclare Tsivrikos à Sky News. Plus une chose est grande, plus il est important que nous en trouvions dans nos placards.

Et si d’aventure vous comptez aller vous approvisionner ce vendredi ou ce week-end, sachez que les magasins d’alimentation resteront ouverts durant toute la période du confinement et qu’il est inutile de vous précipiter dans des endroits bondés. Ce serait évidemment prendre le risque d’être contaminé.

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