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Coronavirus : « Le taux de létalité risque d’approcher les 20% »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

L’École de Santé publique de l’ULB publie une série de graphiques de projections mathématiques de l’épidémie COVID-19 en Belgique basées sur les données de l’Institut de santé publique Sciensano. Les modèles, qui reprennent les données à partir du 28 février 2020, prédisent la fin de l’épidémie aux alentours du 25 mai 2020, si l’on veut atteindre le niveau zéro de la courbe théorique du pic épidémique.

Chaque jour, le docteur Quirico Blonda et le professeur Yves Coppieters modélisent à la fois l’évolution du nombre de cas avérés et du nombre de décès dus au coronavirus. Leurs résultats se basent sur l’évolution du Covid-19 en Corée du Sud. Ils ont comparé les valeurs réelles des cas testés positifs en Belgique avec la courbe théorique. L’allure des cas cumulés de COVID-19 en Corée du Sud a suivi cette équation.

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« Cette courbe sigmoïde (NDLR : sigma en grec = la lettre S d’où le nom courbe en S) montre un maximum attendu de cas testés positifs d’environ 36.000 personnes en Belgique sur l’ensemble de la période de l’épidémie. Les cas réels observés au 14 avril 2020 (données du 12 avril 2020) sont de 33.573 personnes, c’est-à-dire plus de la moitié des 36.000 cas théoriques attendus. Quand ce nombre de cas observés est supérieur à la moitié du maximum théorique (ce qui s’est passé vers le 31 mars 2020), on assiste à un changement de tendance de la courbe (point d’inflexion à mi-parcours) et qui va vers ce maximum théorique de 40.000 personnes », expliquent les spécialistes.

Pic épidémique

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Les scientifiques ont calculé que le pic épidémique est dépassé depuis le 3-4 avril 2020 (autour du 34e jour de l’épidémie). À partir du 13 avril 2020, la courbe de nouveau cas (en bleu) rejoint la courbe théorique (en rouge) et devrait descendre. C’est le cas non seulement en Belgique, mais dans tous les pays pour lesquels ces calculs ont été faits (Italie, Allemagne, Pays-Bas, Suède, Espagne, etc.) « À la date du 15 avril 2020, les tests de dépistages dans les maisons de repos se généralisent, il y a une hausse de cas, mais qui correspond à un meilleur reflet de la réalité et non à une aggravation de l’épidémie », précisent les spécialistes.

Mortalité

Les scientifiques ont calculé la courbe théorique en de mortalité en fonction de la courbe de l’épidémie en intégrant les décès recensés quotidiennement en Belgique. Ils observent un léger décalage temporel par rapport aux courbes théoriques qui pourrait s’expliquer par un décalage temporel entre l’apparition de la maladie et la prise en charge.

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Par contre, deux ou trois pics de mortalité sont artificiels en raison des notifications de décès. En effet, pour les décès constatés en maisons de repos par exemple, Sciensano ne précise pas toujours la date exacte des décès.

Miser sur le dépistage massif

Selon les chercheurs, le taux de létalité, la proportion de décès par rapport aux personnes qui sont testées positives au Covid-19 s’élève à 10% et risque d’avoisiner les 20%. Ils s’attendent à ce que pour 36 000 personnes testées positives en fin d’épidémie, la mortalité théorique cumulée oscille entre 3600 et 7200 personnes. Les modèles prédisent une forte baisse du nombre de cas théoriques testés début mai et une fin de l’épidémie aux alentours du 25 mai 2020.

Pour faire baisser cette mortalité, les chercheurs soulignent l’importance du dépistage massif, particulièrement en maison de repos, une stratégie payante en Corée du Sud (222 décès selon le tracker de l’Université John Hopkins) sur un total d’environ 10 000 personnes détectées positives. Selon eux, en Belgique,à la fin de l’épidémie, le taux de létalité sera de 10 à 20%, soit 5 à 10 fois plus que la Corée du Sud. Ils citent l’exemple de l’Allemagne qui a également fait des dépistages massifs et affiche un taux de létalité de seulement 2%.

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