Un hôpital à Sint-Truiden © Belga

Coronavirus : encore trop de patients en soins intensifs

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Mardi, la Belgique a enregistré 123 hospitalisations en 24 heures, soit le plus faible total d’admissions depuis le 16 mars dernier. Cependant, 3.976 personnes sont toujours hospitalisées, dont 876 en soins intensifs, un chiffre qui reste élevé et qui doit absolument baisser.

Steven Van Gucht, virologue de l’Institut scientifique de santé publique (Sciensano) a rappelé que l’indicateur le plus important suivi par les experts pour évaluer l’évolution de l’épidémie était le nombre de lits occupés dans les services de soins intensifs. « Il est très important que dans un futur proche, les soins intensifs reviennent à un mode de fonctionnement normal pour garantir le fonctionnement des autres services », a-t-il relevé.

« Le but est que le personnel détaché d’autres services pour soutenir les soins intensifs puisse revenir travailler dans son service de départ. Cela permettra également une meilleure balance entre les vies professionnelle et privée », a-t-il ajouté. Aussi aimerait-il voir ce taux d’occupation diminuer au moins de moitié.

16 mai

Dimanche, il y avait donc toujours 903 patients atteints du coronavirus en soins intensifs, 15% de moins qu’il y a une semaine, et 30% de moins que durant le le pic qui a été atteint le 8 avril. Si, comme le calcule le quotidien De Standaard, l’occupation en soins intensifs continue à baisser, il faudra attendre le 16 mai avant de voir le nombre actuel de patients réduit de moitié. Le scénario du Conseil national de sécurité prévoit qu’à cette date les magasins seront rouverts depuis 5 jours.

Aujourd’hui 43% des lits en soins intensifs prévus pour les patients atteints du covid-19 sont occupés. C’est un pourcentage suffisamment bas pour entrer en première phase de déconfinement, vu que les experts estiment qu’il faut qu’au moins 25%, de préférence 50%, des lits soient disponibles pour de nouveaux patients atteints de coronavirus. Cependant, la situation diffère très fort d’un hôpital à l’autre.

Une enquête du quotidien De Standaard révèle que les hôpitaux aimeraient voir ce taux baisser avant d’assouplir le confinement. De nombreux patients restent en effet deux à trois semaines ou même plus longtemps en soins intensifs, car la convalescence dure longtemps. De nombreux hôpitaux ont donc toujours un taux d’occupation élevé.

« Au plus fort de l’épidémie, nous avions aménagé la salle de réveil du bloc opératoire comme troisième unité de soins intensifs. À partir de la semaine prochaine, nous voulons recommencer les opérations plus urgentes. Pour cela, nous avons besoin de la salle réveil. Les patients atteints de covid-19 doivent donc partir. Le week-end dernier, nous espérions que deux unités de soins intensifs suffiraient, mais nous avons dû trouver un espace vide ailleurs dans l’hôpital pour y mettre sept lits supplémentaires pour des personnes qui ont besoin d’être ventilées », témoigne le porte-parole d’un hôpital de Genk.

Un scénario à l’italienne

Geert Meyfroidt, médecin en soins intensifs à l’UZ Leuven, craint un scénario à l’italienne si on assouplit trop rapidement les mesures. « Les patients qui sont là depuis longtemps commencent lentement à quitter les soins intensifs. Ceux qui sont toujours là souffrent de nombreux troubles supplémentaires. Ils sont très faibles, ne peuvent rien faire par eux-mêmes et risquent de contracter des infections supplémentaires. Il est trop tôt pour les envoyer en chambre normale. Peu de nouveaux patients arrivent aux soins intensifs, mais le taux d’occupation n’a certainement pas diminué de moitié. Il est donc important de ne pas trop lâcher les mesures. Nous nous en sommes bien sortis jusqu’à présent, ce serait dommage de nous retrouver dans un scénario à l’italienne dans une deuxième phase », confie-t-il au Standaard.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire