Les experts de la lutte contre le coronavirus retournent en coulisse. © DR

Coronavirus: après la crise sanitaire, le retour à l’anormal

Anne-Sophie Bailly
Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

La crise sanitaire du coronavirus s’éloigne à grands pas. La crise politique refait surface avec un risque de paralysie politique. La Belgique retrouve sa vie d’avant.

« On vous remercie pour l’attention avec laquelle vous avez suivi ces conférences de presse. » Par ces quelques mots, Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus, a mis fin la semaine dernière aux points vidéo d’abord quotidiens, puis hebdomadaires, que faisait Sciensano depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19.  » A chacun d’avancer de manière raisonnable, sachant que nous sommes revenus presque à une vie normale […]. Faites des crêpes ou des galettes de riz, mais surtout, ne faites pas les fous « , a ajouté Benoît Ramacker, porte-parole du centre de crise.

Autant dire qu’une page a été tournée. Le nombre de nouvelles infections, hospitalisations et décès a rythmé la vie des Belges depuis des semaines. Place maintenant à l’après-Covid-19. Avec toujours, dans l’attente d’un vaccin, le testing de la population. Un testing sur fond de conflit d’intérêts autour d’un test italien controversé qui va coûter des millions au contribuable belge.

Avec aussi toujours la saga des masques qui n’en finit pas de bondir et rebondir. Dernier épisode en date, les modalités de lavage des 15 millions de masques réutilisables fournis par la société luxembourgeoise Avrox et qui ne respectent pas les recommandations officielles, qu’elles soient belges ou internationales. Ces masques, commandés par la Défense à la demande du gouvernement fédéral, doivent être nettoyés à la main à 30°C alors que la recommandation officielle a toujours été de laver les masques réutilisables à 60°C. Qui plus est, ces masques ont été traités avec une finition antibactérienne nano-argentée, ce qui les rendraient dangereux pour la santé et l’environnement, selon les organisations sectorielles Creamoda, Febelsafe et FBT. Le SPF Santé, lui, confirme la validité des masques.

Faites des crêpes ou des galettes de riz, mais surtout, ne faites pas les fous.

Avec aussi le retour de la crise politique. Le 12 juin, un  » superkern  » a avalisé un nouveau train de mesures socio-économiques.

Pour les entreprises d’abord : nouveau système de tax-shelter temporaire, ouvert à l’ensemble des PME impactées par la crise ; déduction pour investissement majorée de 25 % pour les investissements consentis avant la fin de l’année ; acompte de la TVA de décembre 2020 suspendu. Entre autres.

Pour l’organisation du travail, ensuite : un chômage Corona adapté – transition entre le chômage temporaire Corona et le chômage économique classique – qui pourra être utilisé si l’entreprise subit une baisse de 10 % de son chiffre d’affaires et des entreprises en difficulté qui pourront réduire les heures de travail et éviter des licenciements, via une réduction collective du temps de travail, le crédit-temps ou le crédit-temps de fin de carrière accessible dès 55 ans.

Peter De Roover :
Peter De Roover : « Ce n’est pas la bonne formule. « © BELGAIMAGE

Pour les travailleurs : un congé parental Corona étendu jusqu’au 30 septembre prochain et le remboursement facilité des frais exposés par les travailleurs en télétravail (maximum 127 euros par mois).

Une enveloppe de 100 millions d’euros à destination des CPAS a également été dégagée.

Mais toutes ces mesures n’ont pas été avalisées par la N-VA, qui estime que  » ce n’est pas la bonne formule pour adopter un tel paquet. Il existe un cadre différent pour cela, à savoir la formation d’un gouvernement « , selon Peter De Roover, représentant des nationalistes flamands au sein du  » superkern « . Et cela alors qu’un rapprochement PS – NV-A n’a un temps plus été exclu d’emblée. Que la Première ministre hésitait à endosser le rôle de formatrice. Que dans quelques jours, ce sera la fin des pouvoirs spéciaux accordés au gouvernement de Sophie Wilmès pour gérer la crise du coronavirus. Que Paul Magnette (PS) et Conner Rousseau (SP.A) défendaient une nouvelle proposition de  » majorité relative « . Qu’ils essayaient de mettre en place une tripartite classique (socialistes, libéraux, sociaux-chrétiens), avec l’appui extérieur de la N-VA ou des verts. Que la formule existe ailleurs en Europe, mais qu’elle suscite le scepticisme chez nous. Que ce n’est  » pas un premier choix  » pour Georges-Louis Bouchez (MR). Que la N-VA n’en veut pas.

Qu’on essaie d’éviter la paralysie politique du pays. Qu’on parle retour aux urnes.

De là à penser que le monde d’après a quand même certains airs du monde d’avant…

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