ArcelorMittal a annoncé un investissement d'1,1 milliard pour réduire ses émissions de CO2 à Gand. © belga image

COP 26 – Pas de neutralité climatique sans effort (considérable) des entreprises

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Le monde professionnel produit plus de 60% des émissions totales du pays. Logiquement, la lutte contre le réchauffement climatique nécessitera un effort conséquent de la part des entreprises.

En sept ans, plus de trois cents grandes entreprises mondiales se sont engagées, via l’initative RE100, à consommer 100% d’électricité renouvelable d’ici à 2040. Ensemble, elles consomment 330 térawattheures par an, soit plus qu’un pays comme le Royaume-Uni. En Belgique, les initiatives pour réduire le bilan carbone se multiplient également dans les entreprises et l’industrie. Depuis 2019, la cimenterie de Lixhe, appartenant au groupe HeidelbergCement, en province de Liège, développe un projet pilote de capture et de stockage du carbone. En septembre dernier, ArcelorMittal a annoncé un investissement d’1,1 milliard d’euros pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de son usine de Gand. De son côté, la fédération sectorielle belge de la chimie et des sciences de la vie, Essenscia, vient de publier un nouveau rapport mettant en lumière les efforts du secteur pour atteindre, entre autres, la neutralité climatique.

Le monde professionnel produit plus de 60% des u0026#xE9;missions totales du pays.

En 2019, l’industrie était responsable de 47% des émissions totales en Belgique, selon les chiffres du SPF Changement climatique (un chiffre qui inclut les producteurs d’énergie et d’électricité). En ajoutant l’agriculture (10,1%) et le chauffage du secteur tertiaire (4,9%), le monde professionnel produit plus de 60% des émissions totales de gaz à effet de serre du pays, sans même tenir compte du transport routier. Si l’industrie belge a fortement réduit ses émissions depuis 1990, une partie substantielle de cette baisse est liée à la délocalisation vers d’autres pays d’usines polluantes – notamment la sidérurgie. A l’heure actuelle, les mesures cumulées restent, par ailleurs, insuffisantes au regard des objectifs fixés. « D’ici à 2050, dans le cadre d’une Union européenne climatiquement neutre, l’industrie belge devra réduire fortement ses émissions de gaz à effet de serre, note l’Etat fédéral, dans sa vision pour une Belgique décarbonée à cette même échéance. A titre indicatif, la réduction pourrait s’élever à au moins 90% par rapport à 1990, soit à au moins 85% par rapport à 2017. » Une partie de la réponse passera par l’essor de la chaleur renouvelable, comme l’hydrogène vert, qui n’en est qu’à ses balbutiements en Belgique.

« Nous peinons à trouver dans les réalisations de grandes entreprises, et malgré certaines annonces fracassantes, l’espoir d’une inversion « révolutionnaire » des courbes d’émissions mondiales de carbone, écrit Edwin Zaccaï (ULB), dans son livre Deux degrés (Sciences Po-Les Presses, 2019). La prédominance d’entreprises issues du secteur de production des énergies fossiles parmi les plus importantes du monde n’est pas non plus de très bon augure pour une sortie rapide de ce secteur. D’autant que leur diversification vers des énergies renouvelables reste lente et parcimonieuse, en regard des objectifs climatiques. » Pour espérer relever le défi, il conviendra plus que jamais de distinguer les engagements concrets des nombreuses annonces de greenwashing, feignant d’agir en ce sens.

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