Fanny Constant. © FW-B - JEAN POUCET

Conseil de l’Enseignement, entre guerre et paix

Le Vif

En décidant de congédier sa secrétaire générale, le CA du Conseil de l’Enseignement des Communes et des Provinces (CECP) a provoqué une onde de choc dans la structure. Jeudi 6 février, il entendait remettre l’institution en ordre de marche. Et enterrer la hache de guerre. Cela reste à confirmer.

C’est l’information qui avait fait frissonner le personnel du CECP. Dans la foulée de l’éviction de la secrétaire générale Fanny Constant (lire « La secrétaire générale du CECP démise de ses fonctions « ), le CA du 24 janvier avait également voté la rupture de confiance avec deux membres du personnel (sans pour autant les licencier). Dans la foulée, le MR avait diffusé un communiqué évoquant une « atmosphère délétère et oppressante », l’action de membres ayant « rendu l’ambiance quasi invivable dans l’institution, en utilisant des méthodes détestables ». Une communication au vitriol, aberrante et excessive selon plusieurs observateurs du CECP. Mais qui puisait peut-être sa source dans la rancoeur d’une trahison. Celle du PS.

Car lors du débat avant le vote, les positions étaient connues. CdH et Ecolo voulaient arrêter les frais avec la secrétaire générale. PS et MR entendaient poursuivre la collaboration (les quatre partis traditionnels pèsent 28 sièges sur 31 au CA).

Les débats semblaient figer la position de chacun, mais la réalité de l’ombre n’est pas celle de la lumière. Le vote confidentiel coupa la tête de Fanny Constant. A la surprise générale. Que s’est-il passé ? Le PS a changé d’avis. Pas question de laisser pourrir la situation. La décision aurait été prise, selon nos informations, plus d’une semaine avant le CA. Et compte tenu de la réticence des administrateurs socialistes, une impression domine : la consigne serait venue « d’en haut ». Le Président, Laurent Léonard, bien que socialiste, refuse de s’exprimer sur ce point : « Je dois rester au-dessus de la mêlée ».

Réactions en chaine

L’annonce d’un vote de méfiance envers les deux responsables du CECP a immédiatement crispé une partie importante du personnel. Hors de question, pour eux, que les lanceurs d’alerte fassent les frais d’une vendetta orchestrée par le CA, dont la prochaine réunion est fixée ce 6 février. Ces craintes s’appuyaient aussi sur les mots malheureux qu’avait eus le Président Léonard lors d’une rencontre avec le personnel : « Moi aussi, j’ai des éléments ».

La réaction du personnel ne se fait pas attendre. Fin janvier, un courrier collectif est envoyé au CA de la part des conseillers pédagogiques. De manière astucieuse, ils soulignent tout ce qui va bien, mettant en avant le travail des coordinateurs régionaux et des projets. Les deux « menacés » étant sans doute parmi eux.

Les organes syndicaux sont également mobilisés et le mercredi 5 février, 24 heures avant le CA, une réunion en front commun syndical s’est réunie (une première!). Une structure s’est créée, a été reconnue par le Bureau du CECP (composée d’un MR, un cdH, une Ecolo et un PS) qui a dans la foulée rencontré ces représentants. Bel enchainement ! Avec quel résultat ? Pour le président Laurent Léonard, « le travail de reconstruction est en route et prendra un certain temps, mais je suis confiant quant à la bonne volonté de tous dans la défense de l’institution. »

Et de la bonne volonté, il va en falloir une sacrée dose. Sans Secrétaire générale, avec une équipe fragilisée, des burn-out et des départs, le CECP va peiner à se remettre en ordre de marche. Le CA de ce jeudi devrait solliciter un manager de crise, demander au Bureau de jouer un rôle important dans les prochains mois, et surtout mettre en place des organes pour permettre un dialogue et une concertation qui ont cruellement manqué pendant neuf ans.

Cette nécessité trouve un écho auprès de Jorge Rozada, président CGSP Enseignement pour le CECP, qui tout en soulignant la qualité de la rencontre avec le Bureau avance ses priorités: « Avant tout un retour au calme. Une discussion autour des barèmes, des profils de fonction. Et on ne veut pas d’éviction ou de sanction hâtives. Si une décision doit être prise, qu’elle suive une procédure et que les personnes concernées soient entendues.On ne veut pas de chasse aux sorcières. »

Chasse aux sorcières ? Amusant. C’est exactement le terme que le MR avait employé pour qualifier l’éviction de la secrétaire générale Fanny Constant. Maintenant que celle-ci est tombée, que le PS l’a lâché au dernier moment, le MR va-t-il demander que les rebelles (ou lanceurs d’alerte selon la position) soient évincés ? Marie-Astrid Attout Berny (MR), vice-présidente du CECP, se veut rassurante. « La rencontre syndicale s’est bien déroulée. Nous comptons donner suite à leurs demandes ».

Seul hic. Le Bureau est composé de 4 personnes. Aujourd’hui, ce sont donc 31 administrateurs qu’il faudra convaincre. Et les blessures sont encore fraiches…

Olivier Bailly

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