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Communales 2018 : à Evere, bataille risquée pour le PS

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

La commune est un fief socialiste depuis septante ans. Le parti va-t-il y mordre la poussière cette année ?

Evere n’est pas n’importe quelle commune : c’est celle du ministre-président de la Région, Rudi Vervoort (PS), 60 ans, bourgmestre en titre de cette localité de 40 000 habitants. Une fois de plus, c’est lui qui tire la Liste du bourgmestre. Et une fois encore, c’est son  » vieil  » ami, Guy Vanhengel (Open VLD), qui la pousse. Vervoort se porte donc candidat mayeur d’Evere, tout en restant n°1 à la Région et tout en comptant s’y représenter lors des élections de 2019. Ce que déplore, notamment, l’opposition.  » A l’heure où l’on parle de décumul intégral, ça nous dérange « , observe Hicham Talhi, jeune tête de liste Ecolo-Groen qui n’a jamais connu que Rudi Vervoort.  » J’ai 28 ans et quand j’étais élève à l’école La Source, il était déjà bourgmestre.  »

A Evere, le PS règne en maître depuis septante ans, et Rudi Vervoort depuis vingt. Depuis la Région, le mayeur  » empêché  » structure la politique communale pendant que les autres courent les rues, les soupers.  » On y pratique un PS à l’ancienne « , relève un conseiller communal. C’est sans doute le premier défi éverois : mettre en oeuvre des politiques plus transparentes. Mais septante ans de socialisme, c’est long. Et, cette fois, le PS ne serait plus en mesure d’adouber le partenaire de son choix pour renforcer sa majorité. En 2012, le PS manquait la majorité absolue d’un siège. Cette année, Vervoort devra sans doute revoir sa stratégie et sécuriser des alliances s’il veut être certain de conserver l’écharpe mayorale.

Communales 2018 : à Evere, bataille risquée pour le PS

Il y en a surtout qui attendent leur revanche, à l’image du populaire chef de file MR Alain Vander Elst (deuxième score personnel il y a six ans), ancien échevin retourné dans l’opposition, alors que Rudi Vervoort lui avait promis de reconduire leur alliance. On sent une soif de changement. Avec qui ? Le conseil communal est qualifié de  » quasi-home  » et la moitié des échevins ne se présente plus. Rajeunir les cadres locaux, c’est, pour l’heure, le pari de la prochaine législature. Peu de nouvelles têtes ont en effet émergé au PS local. Un seul nom se dégage : Ridouane Chahid, 41 ans, député bruxellois, devenu échevin alors qu’il n’avait pas les voix suffisantes pour être élu.

Le bilan n’est pourtant pas mauvais. La localité fait face à un fameux boom démographique. Tous soulignent cette réussite : des travaux ont été entrepris pour la création de crèches, de classes (28 francophones, 10 néerlandophones), d’une école secondaire communale (en gestation) et d’infrastructures sportives. Mais cela demeure bien en dessous des chiffres annoncés – 50 000 habitants d’ici à 2025. Pire : la tutelle financière risque de mettre à mal plusieurs projets. C’est là l’échec de la législature : la mise sous perfusion régionale, en 2015, limitant les lignes budgétaires, à laquelle s’ajoute la baisse des recettes. S’y greffe l’ enjeu de la mobilité : Evere devra absorber la ligne 3 du métro, jusqu’à Bordet. Un chantier au coût exorbitant qui risquerait de tout engloutir.  » Nous redoutons que le métro soit réalisé au détriment du bus, du tram, de la mobilité douce « , juge ainsi l’Ecolo Hicham Talhi, pointant le peu de pistes cyclables, par ailleurs peu sécurisées, mises en place sur le territoire.

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