IEB désapprouve l'idée que les recettes d'un péage servent à financer la réfection de tunnels. © BELGA

Commission tunnels bruxellois: une série de constats et recommandations adoptés à l’unanimité

Au terme de neuf réunions consacrées notamment à de multiples auditions, et à des échanges sur base d’une lecture de centaines de pages de documents, la commission spéciale du parlement bruxellois mise en place pour examiner les causes de la dégradation parfois avancée des tunnels de la capitale a adopté mercredi, à l’unanimité, une série de constats et de recommandations.

La tension perceptible à l’entame des travaux au début du mois de février a sensiblement baissé au fil des semaines, ce qui a permis de rédiger un texte sur lequel majorité et opposition se sont largement entendues. En attestent le vote positif des membres de l’opposition libérale et écologiste dont plusieurs amendements ont été soutenus par la majorité et leurs commentaires à l’issue des travaux.

Au niveau des constats, les membres de la commission ont relevé de multiples causes au mauvais état des tunnels: l’âge; les facteurs environnementaux tels que la pollution; un manque de travaux d’entretien structurels, depuis la naissance de la Région bruxelloise, en 1989, et dans un contexte de sous-financement historique de celle-ci, mais aussi auparavant, lorsque le gouvernement national était aux commandes; de possibles défauts de conception et de construction d’ouvrages; un déficit d’inspections poussées; les capacités opérationnelles des ressources humaines à disposition de l’administration de la mobilité; …

Responsabilités « partagées »

Les responsabilités dans la situation actuelle sont jugées « partagées » entre l’administration et le politique. La commission recommande au gouvernement d’adopter de nouvelles procédures de gestion et de monitoring en systématisant les inspections poussées, sans exclure de collaborer avec des firmes agréées au niveau international; mais aussi une réglementation spécifique aux ouvrages d’art de la capitale. Il est question de développer une procédure d’entretien assortie de moyens budgétaires et exigeant la réservation d’un pourcentage minimum des coûts de construction de nouveaux ouvrages d’arts à leur entretien annuel; d’un audit externe de Bruxelles Mobilité par la Cour des comptes ou un autre organisme qualifié en vue de réformer l’administration de la mobilité de la Région-capitale; et de développer une procédure de transmission optimale de l’information.

Les recommandations portent encore sur l’avenir de la mobilité bruxelloise. Pour les membres de la commission, la rénovation des tunnels ne peut remettre en cause les engagements pris en matière de transports publics, d’infrastructures cyclables ou pour tout autre moyen complémentaire ou alternatif durable à la voiture. L’amélioration de la desserte de Bruxelles via un RER « maximal » dès 2017, l’harmonisation des politiques communale et régionale de mobilité, le déploiement d’une offre de transports en commun vers les quartiers mal desservis, mais surtout le développement d’une vision à long terme de l’avenir des tunnels urbains appuyée d’un maximum d’expertise sont également explicitement évoqués. Les propositions de constats et de recommandations seront soumises au vote en séance plénière du parlement régional le 29 avril prochain.

Dans la majorité, comme dans l’opposition, la satisfaction était de mise, mercredi après-midi, au moment du vote des recommandations: les travaux ont pu être menés dans une grande transparence, l’ensemble des personnes appelées à témoigner, ayant répondu présent, et la plupart des documents demandés ont été transmis. Pour Vincent De Wolf (MR-opposition), les engagements positifs engrangés (réglementation bruxelloise spécifique à tous les ouvrages d’art; possibilité des partenariats publics-privés pour la rénovation; audit externe par la Cour des Comptes de Bruxelles mobilité; et transparence sur les études commandées par le gouvernement) ne doivent toutefois pas faire oublier l’urgence qu’il y a à rénover les tunnels Stéphanie et Montgomery. Chez les Verts (opposition), Céline Delforge et Bruno De Lille ont salué le consensus large qui s’est dégagé pour l’intégration du débat sur l’avenir des tunnels dans le contexte beaucoup plus large de celui de la politique de mobilité à Bruxelles.

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