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Commentaire – Meister :  » c’est lui qui a commencé « 

« Est-ce qu’on ne pourrait pas s’aimer un peu ? » Ce n’est pas à ce titre de pièce que l’on pense de suite en revenant sur la saga qui s’est déroulée ce dimanche dans l’entreprise Meister Benelux, à Sprimont. Dommage. Car in fine, c’est bien de ça qu’il s’agit.

Lundi dernier, la direction de cette entreprise, spécialisée dans l’équipement automobile, annonce à ses troupes que deux importants contrats leur échapperont au profit d’une filiale tchèque. Mercredi, le personnel séquestre la direction pendant quelques heures. Et ce dimanche, les responsables de la maison-mère allemande, le groupe Poppe & Pothoff, envoient une vingtaine de barbouzes récupérer, dans la place, une partie de la production nécessaire au redémarrage des chaînes de montage de VW. Habillés de noir, le crâne rasé, porteurs de matraques ou de battes de base-ball, ces hommes évoquent plus les lanceurs de marteau que les adeptes du saut en hauteur.

A l’issue d’un cafouillage qui dure plusieurs heures, et durant lequel quelques policiers séparent bravement les deux camps, ces envoyés très spéciaux venus d’Allemagne quittent finalement les lieux. Sans encombre. Sans le matériel convoité. Et sans que l’on sache où ils repartent.

Ce lundi, les organisations syndicales ont officiellement déposé une plainte en front commun, au pénal et au civil, pour coups et blessures.

Depuis, les condamnations pleuvent sur la direction de l’entreprise. « Du jamais vu », « des agissements indignes d’un état démocratique », « des méthodes terroristes ». « Un comportement inqualifiable, digne d’un autre temps, qui contrevient aux principes fondamentaux de notre état de droit », assène la ministre fédérale de l’Emploi, Monica De Coninck.

Une fois n’est pas coutume, l’Union wallonne des entreprises s’est dite d’accord avec les leaders syndicaux. Pour dire que nous vivons dans un Etat de droit et que la loi doit être respectée par tous et en toutes circonstances. « Mais nous attendons toujours, de la part des responsables politiques, le premier mot de condamnation de la séquestration illégale de la direction, en milieu de semaine. Et nous l’attendons aussi du côté syndical ».

Nous y voilà. On se croirait dans une cour de récréation où des gamins se montrent du doigt en s’accusant mutuellement d’avoir commencé. « A défaut de réaction contre ces séquestrations, on peut craindre une escalade dans les actions musclées », poursuit l’UWE. C’est donc la faute des organisations syndicales si les faits survenus hier à Sprimont se sont produits. Comme c’est la faute des filles qui se promènent en jupes si elles se font violer. Les syndicats auront beau jeu de dire que le premier acte de violence est survenu dans le camp de la direction, lorsqu’elle a annoncé la perte de deux importants contrats. Ce n’est pas moi, c’est l’autre, donc ?

Rien n’est perdu : les syndicats ont rencontré l’avocat de la direction pour évoquer l’avenir…

Laurence Van Ruymbeke

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