Désormais, la poste mise sur le transport de colis, vecteur prometteur de développement. © BAS BOGAERTS/ID PHOTO AGENCY

Comment le tout-au-colis a changé les facteurs

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Le métier de facteur mute au fur et à mesure que le volume de courrier classique fond. Entre 2010 et 2020, presque tout a changé pour lui : les colis ont remplacé les lettres, la marche à pied a cédé la place aux véhicules et les petits bureaux de village ont disparu au profit de vastes plateformes de tri. La preuve en quelques chiffres.

Il ne porte plus ni képi ni grande cape bleu nuit. Habillé de rouge, il bondit généralement d’une fourgonnette garée en double file pour aller glisser à toute allure quelques rares enveloppes dans l’une ou l’autre boîte aux lettres. Puis il s’engouffre à nouveau dans son véhicule, qu’il déplace de quelques mètres. Ainsi vivent les facteurs, en 2020.

Depuis la mi-mars, le courrier non prioritaire n’est d’ailleurs plus distribué tous les jours mais deux fois par semaine, comme les brochures publicitaires. Les envois flanqués d’un timbre Prior, en revanche, sont assurés de parvenir à leurs destinataires chaque jour. C’est aussi le cas pour les colis, les journaux et les recommandés. Ce faisant, bpost s’adapte à l’évidente diminution du volume de courrier. Alors que les facteurs glissaient auparavant des enveloppes dans 70 % des boîtes aux lettres, en 2016, ils n’en visitent plus que 50 % aujourd’hui.

Comment le tout-au-colis a changé les facteurs
© SOURCE : BPOST

A l’instar des autres postes européennes, bpost ne peut plus vivre exclusivement du courrier classique. D’où sa reconversion, entamée il y a quelques années : désormais, la poste belge mise sur le transport de colis, vecteur prometteur de développement. Avec la progression fulgurante du commerce en ligne, la distribution de paquets devrait lui assurer de précieux revenus de remplacement. Quelle est la marge bénéficiaire qu’enregistre bpost sur le courrier et laquelle est-elle lorsqu’elle distribue des colis ?  » Ces données commerciales ne sont pas rendues publiques « , souffle-t-on pudiquement chez bpost. Un coup d’oeil aux chiffres suffit à comprendre l’ampleur de la mutation. En 2011, bpost distribuait environ 126 000 colis par jour. En 2019, ce volume avait doublé. En période de fêtes de fin d’année 2019, le pic des 450 000 paquets à traiter par jour était presque atteint.

Le rôle social du facteur ? 3 minutes de communication commerciale par jour, selon georoute.

Si l’activité  » courrier  » ne peut plus suffire à bpost, le seul territoire belge ne lui convient plus non plus. L’entreprise mise à présent sur le développement à l’international. C’est ainsi qu’il faut analyser le rachat de l’américain Radial, à l’automne 2017. L’ancienne entreprise publique, toujours détenue par l’Etat avec une petite majorité, avait déboursé quelque 700 millions d’euros pour s’approprier ce fournisseur de services pour l’e-commerce basé aux Etats-Unis. D’autres achats du même acabit (Landmark Global, DynaGroup, Lagardère Travel Retail, qui gère les magasins Press Shop/Relay et les points de collecte Kariboo ! ) ont marqué l’histoire récente de bpost. En 2016, celle-ci a même tenté de racheter son alter ego néerlandaise, PostNL, en vain.

 » L’entreprise a fortement évolué en dix ans, souligne Delphine Van Bladel, porte-parole de bpost. D’une entreprise de droit public, elle est devenue un groupe international coté en Bourse, qui a diversifié ses activités pour répondre à la forte progression du commerce électronique. bpost est aujourd’hui devenue un acteur de premier plan pour la distribution de colis au Benelux et pour la logistique d’e-commerce en Europe et en Amérique du Nord.  » Ce qui la place en concurrence directe avec des géants du type d’Amazon ou Alibaba.

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© SOURCE : BPOST

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