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Comment faire pour critiquer son boss ?

Le Vif

Il arrive de plus en plus souvent que les employés doivent évaluer leur supérieur. C’est ce qu’on appelle l’évaluation à 360 degrés. Même si l’exercice semble périlleux, il est important de s’y soumettre, écrit le quotidien De Morgen.

Auteure du livre « Hulp bij lastige gesprekken » (Aide pour conversations difficiles), Anja Leinders explique que quelque part il est normal qu’on se referme quand on est confronté à ce genre d’entretien. « Les gens ont souvent si peur d’être jugés qu’automatiquement ils craignent de juger un autre. »

Selon Sara De Gieter, psychologue du travail (VUB), certains employés craignent aussi une vengeance de la part de leur patron. « Ce risque existe toujours, et dès la fin de l’entretien d’évaluation quand le responsable doit remplir l’appréciation et la remettre au département de personnel. »

Comme le souligne De Morgen, ce ne sont évidemment pas les patrons qui entretiennent un lien de confiance avec leurs employés qui vont recourir à la « vengeance ». Généralement, ce ne sont pas ces derniers qui ont besoin de feed-back pour s’améliorer dans leur boulot. Non, ce sont justement ceux dont il est urgent qu’ils modifient leur approche qui se heurtent le moins à des collaborateurs qui osent émettre des critiques. Aussi certaines entreprises recourent-elles aux évaluations anonymes, même si dans une petite équipe il n’est pas difficile de deviner qui a attribué quel score.

De Gieter prodigue tout de même quelques conseils pour un entretien d’évaluation réussi. « Il faut critiquer comme un supérieur entamerait un entretien d’évaluation : de manière équilibrée, mais claire. Ne vous exprimez pas en termes voilés et ne vous en prenez pas à la personne. Citez des exemples concrets et racontez pourquoi dans telle situation quelque chose n’allait pas ».

Alternative

Pour Leinders, il est important de se montrer constructif et de proposer une alternative. « Décrivez la situation idéale et les caractéristiques positives que pourrait adopter le supérieur. Il pourra immédiatement adapter son comportement », explique-t-elle, même si ce n’est évidemment pas garanti. Dans certaines entreprises, employés et supérieurs concluent un pacte : « Je te donne une bonne évaluation si tu en fais de même pour moi ».

Interrogé par De Morgen, le psychologue néerlandais Kilian Wawoe explique que cette façon d’évaluer est typique de la vie d’entreprise. « À l’armée quand quelqu’un fait un vol d’essai de deux minutes, celui-ci est suivi d’un entretien de deux heures où l’on parle de tout ce qui doit aller mieux. À ce moment-là, le rang et la condition ne jouent aucun rôle. »

Question de vie et de mort

« Quand on a un travail où il est question de vie et de mort, on apprend à critiquer quelqu’un de plus élevé dans la hiérarchie. Dans la vie en entreprise, les entretiens d’évaluation ressemblent encore toujours à une danse rituelle où chacun ménage l’autre. Si personne ne peut mourir, c’est comme si peu importait que l’autre doive grandir. C’est une conclusion cynique, mais elle proche de la vérité », déplore le psychologue. (CB)

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