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Claude Eerdekens : « avec Ecolo, c’est un suicide assisté de la Wallonie ! »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Franc-tireur au sein du PS, le député wallon Claude Eerdekens clame son inquiétude. « On va dans le mur », dit-il dans une interview au Vif/L’Express. Un discours d’opposition. Il critique vivement Ecolo. Et plaide quasi ouvertement pour une alliance avec le MR. Extrait.

Le Vif/L’Express : Que se passe-t-il en Wallonie, avec tous les tiraillements actuels ?

Claude Eerdekens : Je suis de ces parlementaires pas très heureux de ce qui se passe. Au bureau du PS, quand on a voté l’accord wallon, je suis le seul à m’être abstenu. Je pensais que confier l’Aménagement du territoire à un Ecolo, ce serait suicidaire, et ce fut le cas… Ce n’est pas une critique personnelle de Philippe Henry [NDLR : le ministre wallon et Ecolo de l’Aménagement du territoire], mais il ne fait pas bien son travail, selon ma conception de l’aménagement du territoire. En période de crise, nous avons besoin d’une politique ouverte, soucieuse d’encourager les projets, plutôt qu’une politique basée sur les interdits. M. Marcourt fait tout ce qu’il peut au ministère de l’Economie, mais s’il n’y a pas un soutien à l’aménagement du territoire, le bateau est paralysé. Certains appuient sur l’accélérateur, d’autres sur le frein en même temps.

Ecolo a une vision dogmatique ?

Il y a chez eux des idéalistes, très attentifs à la défense de l’environnement – et je peux le comprendre. Mais il y en a d’autres, fondamentalistes, dans une logique de décroissance. Eva Joly plaidait cela lors de la campagne présidentielle française. En Wallonie, ils ne s’affichent pas aussi ouvertement mais on les trouve dans les cabinets. Ce sont des ayotallah, entrés en écologie comme on entre en religion. C’est ahurissant!

Ce sentiment-là est partagé au sen de votre parti ?

Si le gouvernement wallon actuel était soumis à un vote à huis-clos, il n’a plus la confiance du parlement. Il faut entendre les parlementaires PS et CDH, ils en ont ras-le-bol ! Prenez encore la politique éolienne. C’est aberrant ! On crée une nouvelle bulle abominable, pire que le photovoltaïque. Ces gens qui implantent des éoliennes en Wallonie – il y en a 250 pour l’instant, on vise les 1 000 en 2020 – se font un fric incroyable ! Ce sont des rendements que nul industriel ne peut espérer en Europe, jusqu’à un million et demi d’euros de bénéfice par an et par éolienne – vous imaginez ? Et tout cela, à nouveau, grâce à des certificats verts. On parle d’une bulle de cinq milliards d’euros !

Pourquoi ce train va-t-il dans cette direction-là ? C’est un rapport de forces favorable à Ecolo ?

Ce n’est pas une erreur d’Ecolo uniquement, mais de tous les partis. Trois gouvernements ont géré la politique éolienne. En tout, la bulle du photovoltaïque et de l’éolien s’élèvera entre dix et onze milliards d’euros ! Les conséquences sont dramatiques.

Il faut un changement d’alliance ?

Ce gouvernement est condamné à aller à son terme, à cause de la réforme de l’Etat et du soutien extérieur d’Ecolo. La difficulté existentielle de la Belgique a donné à Ecolo une faculté de nuisance épouvantable en imposant une politique que ne partagent que 13 % des gens. Cela m’effraie qu’un lobby, qui a sa légitimité, puisse avoir autant de poids politique. C’est démesuré. Je n’ai pas d’animosité contre les hommes. Je respecte leur idéologie, mais ce que l’on est en train de faire, c’est un suicide assisté ! Faire un petit paradis écologique dans une Wallonie qui est un désert économique, cela n’a pas de sens. A terme, nous deviendrons une réserve naturelle. Il faut avancer au rythme de la mondialisation.

L’interview intégrale dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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