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Cinq permissions de sortie pour Michel Lelièvre

Le Vif

Le Tribunal de l’application des peines (TAP) de Bruxelles a décidé lundi d’accorder à Michel Lelièvre cinq permissions de sortie pénitentiaire de maximum huit heures, assorties de conditions très strictes, d’ici au 16 septembre 2013. Il a en revanche refusé de répondre favorablement aux demandes de détention limitée et de libération conditionnelle de l’intéressé, qui avait été condamné en 2004 à 25 ans de prison pour association de malfaiteurs impliquée dans des enlèvements d’enfants, enlèvements et séquestrations ainsi que pour trafic de drogue. La famille Lambrecks, présente lors de l’audience du TAP, s’est dite « déçue » de cette décision.

Michel Lelièvre, incarcéré depuis le 13 août 1996, remplit depuis huit ans les conditions de la libération conditionnelle, mais celle-ci lui a toujours été refusée. Cette fois-ci, l’ex-complice de Marc Dutroux a demandé au TAP de lui accorder cinq permissions de sortie et d’ensuite accéder à sa demande de détention limitée.

La direction de la prison a émis un avis positif quant à cette demande, mais le parquet souhaitait, lui, avoir davantage de précisions quant à la toxicomanie de l’intéressé. Les parties civiles, la famille Lambrecks et Sabine Dardenne, ont quant à elles rejeté toute forme de libération de Michel Lelièvre.

Le TAP a constaté qu’il n’y avait plus de preuve d’une dépendance aux stupéfiants dans le chef de l’intéressé depuis décembre 2010; que le suivi psychologique dont Michel Lelièvre fait l’objet depuis 2004 avait porté ses fruits; et que ce dernier avait évolué positivement ces derniers mois au sein de la prison. Une simple libération à la fin de sa peine ne serait pas bénéfique à l’ex-complice de Marc Dutroux et une détention plus longue ne le rendrait pas réfractaire à un éventuel problème de stupéfiants, a encore estimé le TAP.

S’agissant des cinq sorties que lui a finalement accordées le TAP, trois d’entre elles devront être consacrées à la mise en place d’une formation en menuiserie que souhaite suivre Michel Lelièvre. Lors des deux autres sorties, il devra rencontrer sa psychologue en dehors des murs de la prison. Chaque sortie est conditionnée à la réussite de la précédente et Michel Lelièvre devra à chaque fois être accompagné d’une personne de confiance choisie en accord avec la prison, a précisé le TAP.

Cette décision a été assortie de conditions très strictes. Michel Lelièvre ne pourra ainsi pas commettre d’infractions ni entrer en contact avec les victimes. Il ne pourra se trouver ni à Liège, ni à Ans, ni à Hasselt et dans les communes environnantes de ces différentes villes. Il ne pourra pas non plus se rendre dans les communes limitrophes belges de la Côte belge, en Région de Bruxelles-Capitale et dans les provinces de Luxembourg, du Brabant flamand et de Hainaut, à l’exception de l’entité de Charleroi (dans le cadre de sa formation en menuiserie). Michel Lelièvre a enfin interdiction de se trouver dans les différentes gares bruxelloises et dans les gares de la liaison Bruxelles-Tournai.

Parmi les conditions que l’ex-complice de Marc Dutroux devra respecter figurent également une interdiction de consommer de l’alcool ou de pénétrer dans un débit de boissons, une interdiction de consommer des stupéfiants et un respect strict des horaires de ses sorties.

La famille Lambrecks, présente à l’audience lundi, s’est dite déçue et désabusée de cette décision. « Nous ne nous y attendions pas du tout », a-t-elle indiqué, se disant également surprise que l’on n’ait abordé à aucun moment la question de l’indemnisation des victimes.

Le parquet peut encore décider d’introduire un pourvoi en cassation contre la décision du TAP de Bruxelles, qui étudiera à nouveau la demande de détention limitée de Michel Lelièvre le 16 septembre 2013. D’ici là, la personne qui pourrait héberger ce dernier dans le cadre d’une détention limitée devra faire l’objet d’une enquête sociale et un médecin légiste devra déterminer si l’ex-complice de Marc Dutroux n’est effectivement plus toxicomane.

Une « nouvelle extrêmement pénible » pour Sabine Dardenne

La décision du TAP de Bruxelles constitue « une nouvelle extrêmement pénible pour Sabine Dardenne », a indiqué lundi son avocat, Me Jean-Philippe Rivière, à l’agence Belga. « Ma cliente s’attend à cette décision depuis des années, mais aujourd’hui cela est réel et lui est très pénible », a-t-il poursuivi.

D’un point de vue juridique, Me Rivière a en revanche estimé qu' »il n’était pas plus mal que la mise en liberté de Michel Lelièvre soit encadrée de la meilleure manière qui soit ». L’ex-complice de Marc Dutroux a été arrêté et incarcéré en août 1996. « En août 2021, il sera donc libre quoi qu’il arrive », rappelle l’avocat de Sabine Dardenne, se disant, en outre, satisfait que la TAP ait repris intégralement les conditions qu’avait émises les parties civiles lors de l’audience du TAP du 3 juin dernier.

Pol Marchal, le père d’Ann, a lui estimé qu’il était inacceptable mais normal que des permissions de sortie soient maintenant accordées à Michel Lelièvre. « Nous avons vu Michelle Martin être libérée anticipativement. Il est maintenant logique que vienne le tour de Michel Lelièvre, qui a été condamné à cinq ans de prison de moins qu’elle. Dans un état démocratique, nous devons accepter cela comme étant logique. Le prochain sera Marc Dutroux », a-t-il déclaré.

Pol Marchal est par ailleurs revenu sur les dédommagements que Michelle Martin a commencé à payer. « Elle nous a ri au nez et à celui de la Justice. C’est elle qui définit à qui et quand elle paye (les dédommagements). Elle définit donc toujours les règle du jeu », a déploré le père d’Ann.

Contactés par l’agence Belga, Me Georges-Henri Beauthier, avocat de Laetitia Delhez, et Jean-Denis Lejeune n’étaient pas disponibles pour commenter la décision du TAP de Bruxelles.

Michel Lelièvre, âgé de 42 ans, avait été condamné en 2004 à 25 ans de prison pour la mort d’Ann Marchal et d’Eefje Lambrecks et l’enlèvement de Sabine Dardenne et Laetitia Delhez.

Une éventuelle nouvelle demande de libération conditionnelle sera quant à elle étudiée à partir de juin 2014.

« Nous ne nous y attendions pas du tout »

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