Charles Michel © BELGA

Charles Michel: « Les hausses de prix devront être facturées à Engie-Electrabel »

Le Premier ministre Charles Michel prononce ce lundi son discours de politique générale devant la Chambre.

Le Premier ministre Charles Michel a reçu dimanche de la chancelière Angela Merkel l’assurance de la coopération de l’Allemagne dans le cadre des importations d’électricité, a-t-il indiqué lundi au cours de son discours de politique générale devant la Chambre.

Le chef du gouvernement s’est montré sévère à l’égard d’Electrabel. « La gestion du parc nucléaire par Electrabel a manqué de la plus élémentaire prévoyance », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre entend également que l’opérateur électrique supporte les hausses de prix qui seraient liées à l’indisponibilité de centrales nucléaires. « Les hausses de prix liées à l’indisponibilité anormale du parc nucléaire devront être facturées à Engie-Electrabel », a-t-il souligné.

« Allez voter! Et votez en connaissance de cause »

Le Premier ministre, Charles Michel, a exhorté lundi les citoyens a accomplir leur devoir démocratique en se rendant aux urnes dimanche. A ses yeux, l’information revêt une importance accrue en ces temps d’incertitude démocratique. Il a donc annoncé la création d’un fonds destiné au « fact checking ». « Je veux appeler chacun à participer pleinement aux élections du 14 octobre. Avec conviction. Mon message s’adresse certainement aux jeunes qui iront voter pour la première fois. Informez-vous et faites un choix! En connaissance de cause. La démocratie ne vit que si l’on y participe », a-t-il dit.

Sans la nommer explicitement, le chef du gouvernement a évoqué la montée du populisme en Europe. « Partout en Europe, il y a des gens incertains ou qui ont peur de l’avenir. Chaque jour, il y a un nouveau buzz, une nouvelle polémique. Nous tombons trop souvent dans le piège des fake news, sans toujours vérifier si c’est correct (…) Veut-on un monde dans lequel les démocrates ne géreront plus longtemps la démocratie? Le fact checking est essentiel dans une société fondée sur des valeurs et des libertés », a-t-il expliqué. « Nous ne craignons pas l’objectivité des faits. Au contraire, nous la souhaitons », a-t-il ajouté. Un fonds destiné à soutenir des projets de « fact checking » (vérification des faits) sera créé sous peu.

Le ministre de l’Agenda numérique, Alexander De Croo, a donné quelques détails sur ce fonds. Il sera mis sur pied au début de l’année prochaine, dans le cadre d’une recommandation européenne, et doté d’1,5 million d’euros. Il s’agira d’aider le citoyen à mieux cerner quelles organisations se cachent derrière certaines publications sur internet, d’élaborer des indicateurs objectifs et fiables de la transparence des sources et des outils qui permettent de contrôler la manipulation d’images vidéo, etc. « Cela a aussi son importance en perspective des élections européennes, fédérales et régionales, car nous savons que des propagandistes étrangers n’attendent qu’à brouiller le débat démocratique dans notre pays », a souligné M. De Croo

L’opposition francophone dénonce un Charles Michel « décalé de la réalité »

Les principaux partis francophones de l’opposition à la Chambre ont dénoncé lundi le « total décalage » qui existe selon eux entre le discours du Premier ministre et la réalité, à l’issue de la déclaration gouvernementale de Charles Michel à la Chambre. « Le Premier ministre n’est pas dans la réalité, avec ce discours vaseux », a réagi le chef de groupe PS Ahmed Laaouej. Le socialiste énumère les « 3 milliards de coupes dans le rail » sous le gouvernement Michel – qui de son côté faisait valoir 6 milliards d’euros à investir entre 2018 et 2020 -, les retards pris dans l’agenda des travaux du RER – alors que le gouvernement se targue d’avoir relancé les travaux de finalisation – ou encore les coupes dans les soins de santé, le saut d’index, la relève à 21% de la TVA sur l’électricité, etc. « Il ne vit pas dans la même réalité que nous », renchérit Raoul Hedebouw (PTB), rappelant la hausse du nombre de malades de longue durée ou la dégressivité accrue des allocations de chômage.

« J’applaudis quand le Premier ministre pointe la responsabilité d’Electrabel » dans les risques encourus sur l’approvisionnement en électricité cet hiver, note Jean-Marc Nollet (Ecolo). « Mais ce discours est aussi marqué par une absence de volonté réelle de soutenir la transition énergétique. Le Premier ministre aligne énormément de chiffres, mais il n’a pas osé citer celui de l’augmentation des émissions de CO2, deux millions de tonnes en moyenne en plus sous cette législature ». Olivier Maingain (DéFI) non plus ne se montre pas impressionné par les bons chiffres cités par Charles Michel, notamment en matière de croissance. « La croissance belge est molle » par rapport aux autres pays, car ce gouvernement « a brimé pour partie la croissance des salaires avec le saut d’index et d’autres limitations ». « Dans beaucoup de pays où l’on a réussi la croissance économique, c’est parce qu’on a soutenu le pouvoir d’achat des plus précarisés et des personnes qui ont un revenu de remplacement ». Pour Catherine Fonck (cdH) aussi, « le Premier ministre ne donne pas tous les chiffres ». Le chef du gouvernement reste « en profond décalage avec la réalité des citoyens dans le domaine de la santé, la pension à 67 ans, ou encore toutes les mesures qui permettaient jusqu’ici d’adoucir les fins de carrière. Sans compter que le dossier sur la pénibilité des métiers, promis depuis quatre ans, est toujours en rade à six mois de la fin de la législature ».

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