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CETA : « Et je ne voterai pas »

Le cdH a formalisé son opposition à l’accord commercial avec le Canada (CETA) dans une note du CEPESS, son bureau d’étude. Elle est publiée en septembre dans la foulée de celle qui avait, il y a deux ans, fourni au parti centriste les arguments contre le TTIP, traité actuellement négocié avec les Américains.

Pour la députée wallonne Marie-Dominique Simonet, « on ne peut à la fois plaider l’expropriation de Caterpillar, comme l’a fait le président du MR Olivier Chastel, puis lui donner les clés de l’Union européenne ».

Le cdH voit le CETA comme un traité nuisible aux (petits) agriculteurs, aux PME, à la santé et la sécurité sociale, la culture, l’enseignement et plus largement à l’intérêt général. Selon lui, le CETA est taillé sur mesure pour les grands groupes supranationaux et il constitue une voie d’entrée au TTIP, les multinationales américaines ayant presque toutes une filiale au Canada, pays avec lequel les Etats-Unis ont conclu un accord d’échange.

Les parlements wallon, bruxellois et de la Fédération Wallonie-Bruxelles se sont opposés à ce que la Belgique signe l’accord avec le Canada, tel qu’il a été négocié. « Et je ne voterai pas », maintient Marie-Dominique Simonet alors que l’assemblée régionale est censée, à l’instar des autres, participer au processus de ratification.

La députée admet avoir évolué sur la question alors qu’originaire du monde économique, elle se dit plutôt favorable aux traités commerciaux qui favorisent la bonne entente entre les peuples. Mais ici, argumente-t-elle, l’exception culturelle a été réduite à sa plus simple expression en ce qui concerne l’UE. Et des champs entiers de la santé et de l’enseignement pourront être soumis au marché, les mutuelles et l’enseignement libre n’étant pas considérés comme strictement publics. Il n’y a pas non plus d’exception agricole et les éleveurs, demandeurs de circuits courts, devront faire face à une concurrence encore plus importante des exportateurs de boeuf et de porc.

« Là se situe le noeud du problème », commente Didier Wauters, conseiller communal à la ville de Bruxelles et opticien à la tête d’une petite PME. « En pesant sur les PME et en en rachetant certaines, les multinationales poussent à susciter une concurrence qui nous place au bout de l’échelle, avec des produits de moins bonne qualité, fabriqués par des travailleurs aux conditions socio-économiques bien moins favorables », analyse-t-il. « C’est que ce genre de traités amène aussi une révision à la baisse des normes de qualité », embraye Grégory Dahan, à la tête d’une coopérative active dans la santé, la nutrition et l’environnement. « Le seul élément qui compte est le prix et nous ne pouvons rivaliser avec une multinationale pour décrocher un marché public pour une cantine », explique-t-il.

« Ces traités rendent difficile l’émergence d’alternatives à la consommation classique », confirme Mélanie Mikiels du Belgomarkt, épicerie bruxelloise dont les partenaires agricoles s’inquiètent du nivellement par le bas des normes sanitaires visant les OGM, les allergènes, les perturbateurs endocriniens, les hormones de croissance.

Tous se félicitent de la mobilisation citoyenne qui rassemble à gauche comme à droite, des syndicats à l’union des classes moyennes en passant par le CNCD et les ONG. « Nous sommes loin des slogans appelant à la lutte contre les Américains ou contre le libre-échange », résume la députée fédérale Vanessa Matz. « Simplement, ce n’est pas de ça qu’a besoin l’Europe mais de réindustrialisation. Demain, avec le CETA et le TTIP, en Belgique ce sont dix Caterpillar qui nous attendent au tournant », conclut-elle, soulignant à son tour la « duplicité » du discours MR en la matière.

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