© Image Globe/ERIC LALMAND

Catastrophe nucléaire : on répète à Tihange

Un exercice grandeur nature aura lieu à la centrale nucléaire de Tihange, à l’automne 2012. Que faire en cas d’accident grave ? Tous les acteurs concernés seront mis à l’épreuve.

Il aura fallu un peu plus de deux ans pour préparer cet exercice. En novembre 2012, un exercice catastrophe sera organisé à la centrale nucléaire de Tihange. Plusieurs centaines de personnes seront sur le pont le jour dit, tandis qu’une centaine auront été impliquées dans son organisation en amont. Une telle opération se monte tous les cinq ans.

Le centre de crise fédéral attaché au SPF Intérieur pilote l’ensemble du programme, qui implique de nombreux autres acteurs, dont l’Agence fédérale de contrôle nucléaire, la centrale de Tihange, les autorités communales et provinciales, ainsi que les services de secours.

Pour préparer cet exercice, quatre groupes de travail ont été mis sur pied. Depuis des mois, ils planchent chacun sur un thème particulier : la communication et l’information vis-à-vis de la population et vis-à-vis des médias, la coordination économique et sociale (conséquences de l’accident), les relations internationales et la coordination des services de secours.

Quel sera le scénario de cette catastrophe fictive ? Motus et bouche cousue. « L’Agence fédérale de con-trôle nucléaire et les représentants de la centrale de Tihange l’élaborent en fonction des objectifs qui ont été choisis pour être testés, détaille Catherine Delcourt, porte-parole du gouverneur de la province de Liège. Avec les limites du genre : si – ce ne sera pas le scénario retenu pour l’automne 2011 – on imagine qu’un avion s’écrase sur la centrale de Tihange, on ne simulera bien sûr pas un tel accident. Les acteurs de l’exercice devront réagir à une situation qui leur sera présentée comme acquise. Cet automne, l’un des objectifs de l’exercice sera de tester un centre d’accueil, situé à Marche, prévu pour héberger la population qui serait évacuée en cas d’accident.
A quelle date aura lieu l’exercice ? A priori, la date ne devrait pas être communiquée, hormis aux acteurs immédiatement concernés. Quoi qu’il en soit, si cette date devait malgré tout être connue, cela ne modifierait en rien la pertinence de l’opération, qui pourrait s’étendre sur quarante-huit heures.

Juste après l’exercice, toutes les cellules de crise se réuniront pour tirer les premiers enseignements de l’exercice, notamment sur la base du logbook, un journal dans lequel chaque fait, événement et décision sont consignés tout au long de l’opération. Un mois plus tard environ, les mêmes acteurs se revoient pour une seconde évaluation à froid. La petite dizaine d’évaluateurs extérieurs, présents lors de l’exercice mais cantonnés à un rôle d’observateurs, leur auront entretemps fait rapport. Spécialistes de leur discipline, ils auront été chargés de vérifier si la procédure prévue coïncide bien avec la réalité et si, imaginée sur le papier, elle est applicable sur le terrain.

A la suite de ces différents rapports et dans un délai compris entre six mois et un an, des fiches d’action sont établies, qui permettent d’améliorer les procédures à suivre en cas de catastrophe. Chacune précise qui doit se charger de quelle mission et dans quel délai. « On récolte parfois des dizaines de fiches, qui vont du plus banal, comme actualiser un numéro de téléphone qui n’est plus valable, à la révision d’une étape essentielle de la procédure qui a totalement échoué à l’épreuve du terrain », indique Catherine Delcourt.

Le coût de l’exercice – du temps de travail, pour l’essentiel – est pris en charge par chacun des intervenants, considérant qu’une telle opération fait partie de leur travail. Le solde est assumé par le Fonds nucléaire.

LAURENCE VAN RUYMBEKE

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