© Getty Images/iStockphoto

Carton d’audience pour une émission qui se moque du handicap et de l’obésité

Le Vif

L’émission « Taboe » (tabou) a fait le choix risqué de se moquer avec tendresse d’une jambe amputée ou d’une paralysie, réalisant une audience historique en Belgique et se faisant remarquer au MipTV, la grand-messe de la TV à Cannes.

« C’est un programme où l’on se moque de gens desquels on ne devrait pas se moquer », annonce clairement le présentateur de Taboe, l’humoriste flamand Philippe Geubels, au début de l’émission diffusée chaque dimanche sur la chaîne publique néerlandophone Eén, de janvier à mars de cette année.

Au menu de cette première saison de huit épisodes: des personnes souffrant de maladies psychiatriques, de maladies en phase terminale, de handicaps lourds, d’obésité, mais aussi en situation de pauvreté, malvoyants, ou encore homosexuels ou fils d’émigrés.

Philippe Geubels invite d’abord les participants quelques jours dans sa maison de campagne où ils racontent chacun leur histoire, devant les caméras d’une réalisatrice plutôt habituée à tourner des documentaires.

Quelques mois plus tard, l’humoriste fait rire un théâtre bondé avec ses blagues politiquement très incorrectes, en présence de ceux dont il se moque. « Un enfant sans bras, ça a plein d’avantages: il ne se cure pas le nez, il ne pose pas ses coudes sur la table », lance-t-il à un public hilare.

Résultat: quelques rares protestations mais surtout un succès populaire, l’émission réalisant le meilleur démarrage de l’histoire de la TV belge pour un divertissement. Tabou a été regardée par une moyenne de 55% des téléspectateurs en direct, et près de 1,8 million de personnes si l’on y ajoute le rattrapage, selon la chaîne.

« Quel que soit le degré de gravité de votre situation, il faut pouvoir continuer à rire. Pas se moquer des gens, mais rire des petites choses du quotidien », lance Philippe Geubels à une salle de théâtre remplie de malades en phase terminale et de leurs proches.

L’émission a été achetée pour être diffusée ou adaptée en France, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Israël, en Finlande, au Danemark ou encore en Norvège, a indiqué son producteur belge Panenka.

« Nous avons reçu beaucoup de lettres de félicitations, avec plein de nouvelles idées », a déclaré à l’AFP la productrice de Taboe, Kato Maes, qui prévoit déjà une deuxième saison.

« On a choisi les tabous en fonction de leur potentiel humoristique. Pour cette première saison, on n’a pas osé avec les transsexuels et les juifs », a-t-elle précisé. « Mais c’est un chemin à suivre: ne pas être brutal, toujours être dans le respect. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire