© Frédéric Pauwels

Caricature antisémite : « Le PS doit réagir, sinon il ne bougera plus sur rien »

L’utilisation d’une caricature antisémite pour illustrer un débat à Molenbeek a plongé le PS dans la confusion. Dans une interview au Vif/L’Express, Merry Hermanus, ancien chef du PS bruxellois, dénonce l’échec de la transmission des valeurs socialistes.

Le Vif/L’Express: En découvrant, le 4 mars, la caricature antisémite illustrant l’invitation à un débat sur le sionisme organisé par le PS et le PAC (Présence et action culturelle) de Molenbeek, vous vous demandiez, sur votre blog, si « le PS de la Région bruxelloise est devenu le parti de Dieudonné » Quelle a été votre première réaction ?

Merry Hermanus: J’ai été absolument sidéré. Voir cela, en 2013, dans un parti de gauche, c’est affolant. Je n’ai pas d’explication. Le PS ne communique pas là-dessus.

Vous écrivez sur votre blog: « Nous avons été incapables de transmettre nos valeurs. »

Nous avons magnifiquement réussi à défendre les populations défavorisées issues de l’immigration mais nous n’avons pas transmis nos valeurs. Elles sont restées étrangères à une grande partie des populations immigrées sans lesquelles le PS serait réduit à 8 ou 9% de l’électorat bruxellois. Nous en sommes devenus prisonniers. Quand je suis revenu au Parti socialiste au début des années 70, il y avait 30 000 militants. Combien sont-ils aujourd’hui? Il n’y en a pas 4 000. C’est une vraie difficulté car les militants étaient des éveilleurs de conscience, des passeurs de mémoire, l’école où se formaient les futurs cadres du parti. Aujourd’hui, entre la superstructure qui dirige tout et les électeurs, il n’y a plus rien. Dès lors, qui contrôle culturellement les électeurs?

Qu’allez-vous faire ?

Il faut crever l’abcès. Cette affaire de caricature doit être l’occasion de réaffirmer nos valeurs. Laurette Onkelinx [NDLR: présidente de la Fédération bruxelloise du PS] doit s’exprimer publiquement. Si, sur un sujet tel que celui-là, les socialistes ne réagissent pas, on ne va plus bouger car on a touché à l’os de la démocratie. L’Histoire nous a montré comment des hommes de gauche pouvaient basculer du côté d’un pouvoir autoritauire. Je suis très inquiet pour le PS.

L’entretien intégral et les réactions à la caricature dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire