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Buizingen : deux ans après, le juge attend toujours le rapport des experts

Près de deux ans après la catastrophe ferroviaire de Buizingen, l’enquête judiciaire est toujours en cours. Le juge d’instruction, Jeroen Burm, attend en effet le rapport des cinq experts mandatés après l’accident.

Le rapport d’expertise comporte deux parties. La première sera consacrée aux constatations techniques concernant l’accident proprement dit et devrait être terminée pour la fin du mois de mars. La seconde, qui aura trait aux constatations techniques de l’état du réseau ferroviaire au moment de l’accident, suivra par la suite.

Dix-neuf personnes ont perdu la vie le 15 février 2010 lors de la catastrophe ferroviaire de Buizingen. Le parquet de Bruxelles avait immédiatement ouvert une enquête judiciaire. L’une des questions cruciales est de savoir si le conducteur du train provenant de Louvain a brûlé ou non un feu rouge. Le conducteur a toujours nié avoir brûlé un feu. Environ un mois après la catastrophe, un autre train a franchi un feu au rouge au même endroit.

Les experts ont notamment analysé les signaux lumineux à cet endroit mais aussi les dispositifs de freinage. L’absence de système de freinage d’urgence à bord des deux trains impliqués dans la collision figurera probablement aussi dans le rapport.

Les familles des personnes décédées ou grièvement blessées lors de l’accident de train survenu à Buizingen ont été invitées mi-janvier au parquet de Bruxelles pour une session d’information concernant les avancées de leur dossier. Le procès devra avoir lieu avant 2020, date de la prescription du dossier.

19 morts et 170 blessés lors de la catastrophe

Le 15 février 2010, deux trains de voyageurs sont entrés en collision à 08h28 sur la ligne Soignies-Bruxelles à hauteur de Buizingen (commune de Hal). Dix-neuf personnes ont perdu la vie lors de cette catastrophe et 170 autres ont été blessées, dont onze grièvement.

Les deux trains effectuaient respectivement les liaisons Louvain-Braine-Le-Comte et Quiévrain-Liège. L’accident a été imputé au non respect d’un feu rouge par le train en provenance de Louvain, qui a percuté latéralement l’autre convoi à un croisement, projetant plusieurs wagons sur le flanc.

La ministre des Entreprises publiques de l’époque, Inge Vervotte (CD&V), et le groupe SNCB ont décidé à la suite de la catastrophe ferroviaire d’accélérer le programme de déploiement du système de freinage d’urgence TBL1+.

Le 2 février 2011, la Commission ‘Buizingen’ a conclu à une responsabilité partagée des pouvoirs publics et de la SNCB. La Commission a estimé que le niveau de sécurité du rail en Belgique n’avait pas connu d’améliorations importantes entre 1982 et 2010.

2,6 millions d’euros d’indemnités déboursés par la SNCB

Près de deux ans après la catastrophe ferroviaire de Buizingen, la SNCB a déboursé 2,6 millions d’euros pour indemniser les victimes. Le service des ressources humaines de la SNCB Holding a, pour sa part, déboursé plus de 820.000 euros pour l’indemnisation des travailleurs touchés par la catastrophe, a indiqué une porte-parole de la SNCB.

Au total, 489 dossiers concernant des indemnisations ont été ouverts, mais tous n’ont pas encore été clôturés. Les familles des 18 personnes décédées ont reçu chacune 21.000 euros. Les montants des indemnités perçues par les victimes encore en vie sont, eux, déterminés au cas par cas.

Les demandes d’indemnités concernent notamment lerembour sement de frais médicaux, mais aussi des dédommagements pour des pertes matérielles.

Les victimes n’ont touché actuellement qu’une provision. Le coût du dédommagement est à ce stade supporté uniquement par la SNCB, en attendant que la justice détermine les responsabilités des différents acteurs. Il s’agit d’une obligation légale découlant d’un règlement européen entré en vigueur le 3 décembre 2009.

« Si un voyageur est tué ou blessé, l’entreprise ferroviaire verse sans délai, et en tout état de cause au plus tard quinze jours après l’identification de la personne physique ayant droit à une indemnisation, toute avance qui serait nécessaire pour couvrir des besoins économiques immédiats, proportionnellement au préjudice subi », prévoit l’article 13 de ce règlement.

En cas de décès, le montant est de minimum 21.000 euros par voyageur. Le versement d’une avance ne constitue pas une reconnaissance de responsabilité. L’avance peut toutefois être déduite de toute somme à payer ultérieurement et n’est en principe pas remboursable.

Les trains ont brûlé 129 feux rouges en 2011

Les franchissements de feux rouges par des trains sont encore fréquents. Le système de freinage d’urgence TBL1+ est cependant désormais installé sur 73% du réseau.

L’année passée, les trains ont brûlé 129 feux rouges, soit un de moins que lors de l’année 2010, d’après les chiffres du gestionnaire du réseau Infrabel. Sur les voies principales, 91 trains ont franchi un feu rouge en 2011, contre 104 l’année précédente.

Le nombre de franchissements « dangereux » est passé de 51 en 2010 à 43 en 2011 et ce, grâce à différents plans d’action et aux campagnes de sensibilisation auprès des conducteurs, estime Infrabel.

Sur les voies secondaires, 38 trains ont brûlé des feux rouges en 2011, contre 26 en 2010. Ces voies ne sont pas employées par des trains qui transportent des voyageurs. Par ailleurs, la vitesse des véhicules est fortement réduite sur ces voies. Le risque d’accident est donc beaucoup moins important.

Le Vif.be, avec Belga

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