Jean-Luc Crucke. © Belga

Budget wallon : « Un New Green Deal plutôt qu’un programme de relance budgétaire conjoncturel »

« C’est davantage d’un New (Green) Deal dont nous avons besoin que d’un programme de relance budgétaire conjoncturel », a plaidé le ministre wallon du Budget Jean-Luc Crucke (MR) lundi, alors que le budget wallon, et par la même occasion les observations formulées à son encontre par la Cour des Comptes, sont examinés cette semaine en commission du parlement wallon avant que le budget ne soit soumis au vote de l’assemblée plénière la semaine prochaine.

« La Cour des Comptes fait son travail et le fait bien, au regard de la lecture comptable et budgétaire qui est la sienne. Mais nous commettrions une faute si notre lecture se limitait à celle-là. Notre lecture doit être politique et ne peut être sourde aux réalités de la vie et de la société », a d’emblée affirmé Jean-Luc Crucke.

Ainsi, si la Cour « a raison de nous rappeler le carcan comptable européen, nous avons raison de nous obstiner à vouloir le modifier », a poursuivi le ministre. « La Cour des Comptes a correctement rappelé que la flexibilité était autorisée pour la lutte contre le terrorisme et les effets de la migration. La lutte contre le réchauffement climatique et la survie de la planète et des espèces seraient-elles une cause moins noble, moins urgente, moins capitale? », s’est-il interrogé.

Pour rappel, la Wallonie entend demander à l’Union européenne d’activer la clause de flexibilité lui permettant de « déparamétrer » une série d’investissements en matière de climat (mobilité douce, énergies renouvelables, isolation,…) et de nouvelles technologies pour un montant de quelque 350 millions d’euros.

« La réponse budgétaire que nécessitent la transformation durable de l’économie et le changement climatique doit s’inscrire dans la durée au lieu d’être temporaire. C’est plus d’un New (Green) Deal dont nous avons besoin que d’un programme de relance budgétaire conjoncturel », a poursuivi Jean-Luc Crucke selon qui « il faut, dès à présent, jouer sur les seuils européens de dette publique » qui n’ont qu’une « légitimité conventionnelle ».

« Les taux faibles rendent possibles plus de dettes, mais surtout la dette que l’on lègue aux générations futures est un fardeau bien moindre que les conséquences d’un changement climatique catastrophique », a-t-il encore dit en soulignant toutefois qu’il ne s’agit pas non plus de faire comme si l’endettement n’avait aucune importance, ce qui justifie le budget base zéro que la Région entend mettre en place.

Cette méthode, qui concerne tant les dépenses que les recettes, permettra notamment de repartir d’une page blanche en justifiant chaque dépense, d’améliorer l’évaluation des politiques publiques menées par la Région et de dégager des marges de dépenses d’investissements, a expliqué Jean-Luc Crucke aux parlementaires. Cet exercice sera phasé, avec la mise en place d’une task force dès ce mois de décembre, suivie de l’implantation du système entre mars et juillet et d’un conclave ‘base zéro’ en octobre 2020.

« Cette approche met au coeur du projet wallon les priorités. Si une chose vaut vraiment la peine qu’on la fasse, il devrait valoir la peine qu’on la finance », a conclu le ministre.

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