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Budget : les syndicats menacent en cas de saut d’index

Le président de la CSC, Marc Leemans, a indiqué lundi qu’il n’y aurait pas d’accord interprofessionnel si le gouvernement fédéral adoptait le principe d’un saut d’index, une position qui est partagée par la FGTB et la CGSLB. « Dans ce cas, le dialogue risque d’être rompu avec le gouvernement », a même assuré la secrétaire générale du syndicat socialiste, Anne Demelenne.

L’idée d’un saut d’index a circulé durant le week-end, les libéraux et le CD&V estimant que les discussions budgétaires devaient se faire sans tabou. L’idée a également été évoquée sur les bancs patronaux qui, après une série d’annonces de restructurations, ont appelé à baisser les charges des entreprises pour redresser la compétitivité, évoquant à cette occasion la question de l’indexation des salaires.

Vendredi dernier, la CSC a envoyé un courrier à tous les membres du parlement fédéral et des parlements régionaux, dans lequel elle rappelle qu’elle plaide pour un glissement des charges qui pèsent lourdement sur le travail. Elle propose que « les risques qui ne sont pas liés au travail (maladie et allocations familiales) ne soient plus exclusivement financés par des cotisations perçues sur le facteur travail ». Pour mettre en place ce financement alternatif, la CSC compte sur la contribution de « chacun », y compris des revenus bénéficiant actuellement d’un traitement fiscal « favorable ».

Communiqué lundi à la presse, le courrier de la CSC « rejette catégoriquement l’idée d’un saut d’index ». Selon le syndicat chrétien, cette option ne ferait qu’accroître les charges sur les travailleurs, les pensionnés, les malades et les chômeurs. De plus, elle éroderait lourdement la confiance des consommateurs et le pouvoir d’achat.

A la VRT, Marc Leemans s’en est expliqué en menaçant de ne pas s’asseoir autour de la table de négociation de l’accord interprofessionnel. « Que pourrions encore négocier? « , s’est-il demandé, rappelant que l’index est « la première priorité » syndicale.

La Fédération des Entreprises de Belgique a réagi en dénonçant cette « menace de faire capoter la concertation » en cas de saut d’index. « La FEB n’accepte pas cette menace » a précisé l’administrateur délégué Pieter Timmermans dans un communiqué. Selon lui, « on sait depuis plusieurs années déjà qu’un débat sur le système d’indexation est inévitable ». Toutes les institutions de recherche renommées le confirment, a souligné M. Timmermans qui en veut pour preuve que « l’Europe intègre systématiquement ce point dans ses recommandations adressées à la Belgique ».

La FEB a rappelé lundi qu’il y a deux ans, les partenaires sociaux avaient convenu dans le projet d’AIP d’entamer une « discussion » à ce sujet. »Depuis, ce débat a été constamment refusé, si bien que nous nous approchons aujourd’hui de l’heure de vérité », a annoncé Pieter Timmermans.

La FEB a précisé que le débat ne porte pas sur la « suppression du système d’indexation », mais sur « l’application » de celui-ci. Dans ce cadre, il faut tenir compte « et du pouvoir d’achat et de la compétitivité » de l’économie, a-t-elle mis en exergue. À l’heure où la Belgique perd des emplois parce qu’elle est en perte de compétitivité, « nous ne pouvons accepter, dans l’intérêt de l’avenir de l’emploi, qu’un sujet à ce point crucial soit purement et simplement déclaré tabou », a conclu Pieter Timmermans.

Les négociations budgétaires devaient reprendre lundi vers 15h00 après plusieurs reports de réunions. Après avoir examiné dimanche la situation au niveau des recettes fiscales et de la Sécurité sociale, le conclave se penche une nouvelle fois lundi sur les dépenses primaires dans les départements.

Vanackere et Reynders persistent sur l’index

Le vice-Premier ministre CD&V Steven Vanackere a indiqué lundi n’avoir pas l’intention de se laisser mener par le bout du nez par des menaces syndicales durant les travaux budgétaires.

« Chaque mesure envisagée connaît ses détracteurs », a commenté Steven Vanackere à son arrivée au Lambermont pour la reprise des discussions budgétaires. Chacun devra donc laisser ses tabous de côté, a ajouté le ministre des Finances. « Et le tabou du saut d’index en fait partie », a-t-il précisé. « Les groupes de pression ont le droit de s’opposer à certains choix. Mais il est du devoir du politique de veiller à obtenir quelque chose qui sortira ses effets », a justifié le ministre CD&V.

L’appel lancé lundi par ce dernier vise également les partenaires au sein de la coalition. Au nom du PS, Laurette Onkelinx continue à vouloir préserver l’index. Le vice-Premier ministre sp.a Johan Vande Lanotte ne s’est pas exprimé sur le fond lundi mais il a répété que « son parti avait déjà fait connaître sa position » sur ce sujet.

En conséquence de cela, Steven Vanackere a averti qu' »aucune formation ne sortira de cette discussion sans avoir lâché un tabou ».

Le vice-Premier ministre MR Didier Reynders dit n’avoir entendu personne à la table des négociations s’exprimer contre l’opportunité d’une discussion sur l’index, une affirmation qui a fait sortir de ses gonds Laurette Onkelinx. « Toucher à l’index c’est non. Il ne peut être question de faire de l’austérité sur le dos des travailleurs, d’étouffer le pouvoir d’achat », a-t-on commenté dans son entourage, assurant que la ministre socialiste s’en est ouverte « en long et en large » autour de la table dimanche.

Didier Reynders est pour sa part enclin à aborder la question de l’indexation, tout en veillant à protéger les salaires moins élevés. « Nous devons faire quelque chose. A moins que la CSC veuille de nouveaux impôts », a conclu le vice-Premier ministre libéral.

Avec Belga

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