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Budget : enthousiaste et combatif, Elio Di Rupo défend l’accord

C’est avec un enthousiasme qu’on lui avait rarement vu depuis qu’il est Premier ministre qu’Elio Di Rupo a défendu à la Chambre sur l’accord intervenu au sein du gouvernement sur le budget et la relance.

Il a longuement répondu à l’intervention des chefs de groupes et surtout de la N-VA. Cette dernière se montre toujours très critique à l’égard du gouvernement. « Mais qu’a fait la N-VA depuis 2010 ? Rien. Niks », a-t-il dit après avoir rappelé que le parti de Bart De Wever avait refusé d’entrer dans le gouvernement fédéral. Le Premier ministre a aussi souligné que la N-VA avait un sens des priorités changeant. Tant qu’on négociait, elle ne voulait parler que d’institutionnel. « Venir dire maintenant que les mesures économiques viennent trop tard, c’est hallucinant ».

Sur le budget lui-même, il a tenu à « faire un sort à un mensonge » qu’il entend depuis la fin des travaux, à savoir que ce sont les classes moyennes qui sont les plus touchées. Il a aussi justifié le fait que le gouvernement n’avait pas retenu la piste d’une augmentation de la TVA. « Nous n’avons pas touché les citoyens. On a fait du mieux qu’on a pu sans la TVA », a dit le Premier ministre. « Tout mon combat politique a eu pour but de faire en sorte que nos enfants et nos petits-enfants vivent aussi bien et même mieux que nous. Ce n’est pas avec des mots mais avec des actes qu’on change la société », a-t-il conclu, suscitant de longs applaudissements sur les bancs de la majorité.

Vifs échanges entre opposition et majorité à la Chambre

« Un budget de bric et de broc qui touche surtout l’épargnant et les classes moyennes flamandes », pour la N-VA. « Un budget qui ne protège pas les plus faibles », pour Ecolo. Face aux critiques de l’opposition, les porte-paroles de la majorité ont souligné l’importance de respecter les engagements européens et insisté sur le fait que gouvernement avait pris des mesures pour la compétitivité des entreprises.

Le débat qui s’est déroulé jeudi à la Chambre sur la déclaration de politique générale du gouvernement fédéral – lue la veille par le Premier ministre Elio Di Rupo – n’a rien apporté de nouveau. Les chefs de groupe ont souvent disserté sur la base des communiqués diffusés dès mardi par leur parti respectif.

Comme c’est souvent le cas, les passes d’armes ont été les plus vives entre la N-VA d’une part, le CD&V et l’Open Vld d’autre part. C’est surtout le chef de groupe libéral flamand Patrick Dewael qui s’en est pris à la N-VA. « L’augmentation du précompte mobilier coûtera 4 euros à un épargnant moyen qui a des bons d’État et des obligations pour 5.000 euros, alors que la suppression du ‘jobkorting’ par le gouvernement flamand a fait perdre 600 euros à un ménage flamand à deux revenus ».

Le ‘jobkorting’ était une allocation que le gouvernement flamand attribuait à chaque travailleur en Flandre et qui a été supprimée par l’équipe de Kris Peeters dès sa mise en place en 2009.

Patrick Dewael a encore souligné que les moyens transférés du fédéral à la Région flamande avaient augmenté de 17% en deux ans. « Vous voulez toujours diminuer les impôts. Pourquoi n’utilisez-vous pas ces montants supplémentaires pour diminuer les impôts en Flandre », a-t-il demandé, toujours à l’adresse de la N-VA.

« L’augmentation des revenus pour la Flandre signifie que ceux de l’État fédéral ont augmenté dans la même proportion », a-t-on lancé depuis les bancs du parti nationaliste. « Je vais devoir vous envoyer suivre un cours pour vous expliquer comment fonctionne la loi de financement », a rétorqué M. Dewael.

Le chef de groupe libéral a par ailleurs dit qu’il soutenait les décisions du gouvernement qui forment un ensemble. Il a aussi dit sa satisfaction quant à la modération salariale. « Vous dites que ce sont les classes moyennes flamandes qui sont les plus touchées, mais vous demandez une augmentation de la TVA qui toucherait tout autant ces mêmes classes moyennes », a affirmé le chef de groupe CD&V Raf Terwingen à l’adresse de la N-VA.

Du côté francophone, Christiane Vienne (PS) a souligné que le gouvernement « a résisté à l’austérité ». Elle a qualifié d’inespéré le montant de 300 millions dégagés pour la relance et a insisté sur le fait que si la réduction du handicap salarial est importante, il ne fallait pas mettre les partenaires sociaux devant le fait accompli.

Ceux-ci doivent prendre leurs responsabilités dans la réforme de la loi de 1996, a-t-elle ajouté, insistant sur l’importance de « préserver la concertation sociale et notre modèle social ». Pour elle, la régularisation est « une ultime chance laissée à ceux qui trichent et qui fraudent ».

Le chef de groupe MR Daniel Bacquelaine a dit la satisfaction de son parti de voir le budget respecter les engagements européens et prendre des mesures de relance tout en préservant le pouvoir d’achat. « Le MR a confiance dans le fait que la ligne politique de centre droit qui pour nous sous-tend l’accord de gouvernement, sera tenue jusqu’à la fin de la législature » a-t-il conclu. Les chefs de groupe cdH et sp.a Catherine Fonck et Karin Temmerman ont également apporté le soutien de leur parti.

La chef de groupe Ecolo/Groen Muriel Gerkens a très durement critiqué le budget qui selon elle « ne comporte aucun projet politique de redéploiement socio-économique autour duquel mobiliser les citoyens et les acteurs économiques ». C’est un budget qui « pénalise lourdement les travailleurs et les classes moyennes ». C’est « un budget minimaliste » sans souffle et sans projet sociétal. Pour elle, « il fallait s’attaquer aux spéculateurs » au lieu de « manipuler l’index » au détriment des travailleurs, des pensions, des allocataires sociaux…

Le Vif.be, avec Belga

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