© Filip Naudts/Photo News

Budget : 9,5 milliards d’euros pour l’étranger

Le Pr Herman Matthijs a calculé la part du budget fédéral 2012 affectée aux obligations internationales de la Belgique. La note atteindrait, selon lui, 9,5 milliards d’euros.

Coût de la famille royale, de nos parlementaires et sénateurs, de l’Union européenne… Grand amateur de rapports budgétaires en tout genre, Herman Matthijs, professeur d’administration et de finances publiques à la VUB et à l’université de Gand, occupe volontiers ses loisirs à éplucher les comptes de l’Etat et à suivre à la trace l’utilisation de l’argent du contribuable. Dans sa dernière étude, il examine les coûts qui, dans le budget fédéral 2012, se rapportent aux obligations internationales de la Belgique. (Voir liste complète ci-dessous).

Le total des dépenses affectées aux institutions et programmes européens et internationaux (Union européenne, Fonds monétaire international, Agence spatiale européenne…) ou octroyées à des dizaines de pays via divers organismes et associations (Coopération technique belge, subsides aux ONG, Fonds africain de développement…) se monte, d’après l’estimation de Matthijs, à 9,473 milliards d’euros. Soit, près du cinquième du montant du budget fédéral, qui atteint 44,7 milliards d’euros (charges d’intérêts et de remboursement de la dette non comprises).

Le budget 2012 ayant été ficelé à la hâte, le Pr Matthijs ne dispose pas de l’entièreté des données actualisées. Il lui a fallu, en outre, retrouver des dépenses réparties parfois entre plusieurs ministères : Affaires étrangères, Défense, Justice… Il fonde ses calculs sur les montants qui ont été inscrits à l’origine dans le budget, même si les six partis de la majorité ont décidé, dans l’annexe budgétaire de l’accord de gouvernement, de réaliser 250 millions d’euros d’économies sur les dépenses relatives aux compétences dites « usurpées » ou « fantômes » : le fédéral ne souhaite plus financer, notamment, la coopération au développement liée à l’enseignement, secteur qui devrait être pris en charge par les entités fédérées.

Le gouvernement fédéral souhaite aussi que les Régions supportent une part du coût de l’adhésion de la Belgique à l’Union européenne, de loin le poste le plus lourd du « budget international » du pays. Car les Régions, grâce aux fonds structurels européens, bénéficient de la manne communautaire, tandis que le fédéral, lui, règle la note européenne. Reste à déterminer, et c’est là que le bât blesse, une clé de répartition pour fixer le montant des contributions régionales à l’UE, sachant que la Wallonie reçoit plus de moyens européens que la Flandre.

La contribution belge au budget de l’UE atteint aujourd’hui, selon Matthijs, pas moins de 5,838 milliards d’euros (671 millions en plus qu’en 2009). Ce montant représente, à lui seul, près des deux tiers du total des dépenses liées aux obligations internationales de la Belgique (voir la grosse « planète » bleue sur notre infographie). Pour arriver à ce chiffre, l’expert flamand prend en compte les recettes douanières et de TVA, qui reviennent automatiquement à l’UE et ne font pas à proprement parler partie de l’enveloppe belge affectée à l’Union. Il conviendrait par ailleurs de faire une analyse coûts/bénéfices de cette contribution. La Belgique ne perçoit-elle pas d’importantes rentrées indirectes – consommation, recettes de TVA… – du fait de la présence de nombreuses institutions et délégations européennes sur son territoire ? En Région bruxelloise, près de 10 % des emplois sont liés au secteur international et 13 % du PIB régional découle de la présence des organisations internationales, essentiellement européennes.

Han Renard et Olivier Rogeau, avec Zeger Peirsegaele

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