© Isopix

Bruxelles Les marchés…, ça marche

Le Vif

La capitale vit un boom de ses marchés en phase avec de nouvelles aspirations du public. Levier de cohésion sociale, d’innovation commerciale et de retour aux produits naturels, les étals retrouvent une nouvelle jeunesse.

Il y a quelques années, personne ne donnait cher de ces assemblages éphémères d’étals à ciel ouvert reproduisant, de semaine en semaine, le rituel ancestral du commerce ambulant. Aujourd’hui, le marché est pourtant redevenu furieusement tendance. Une étude – initiée par le Ministre bruxellois de l’Economie Didier Gosuin et menée par l’agence régionale du Commerce Atrium.Brussels et l’ULB – a analysé le phénomène et les raisons de cet inattendu retour en force dans les habitudes des Bruxellois. Côté chiffres d’abord (lire aussi ci-dessous), le constat est marquant : quelque 92 marchés hebdomadaires dressent aujourd’hui leurs tentes et étalages à même les pavés des places et rues des communes bruxelloises. Soit trois fois plus qu’il y a un demi-siècle.

L’explosion de cette offre, comme le souligne l’étude, repose autant sur la capacité des marchands ambulants à s’être adaptés aux nouvelles attentes commerciales de leur clientèle qu’aux aspirations plus sociologiques de celle-ci pour plus de cohésion sociale, de convivialité et de vitalité urbaine. Et pour cela, le marché est roi. Labo très réactif aux ondes de ses visiteurs et à l’air du temps, le marché a compris qu’il devait mieux coller aux nouvelles habitudes et disponibilités de ses consommateurs. Les agendas ont été adaptés en glissant parfois de l’après-midi au soir, de la semaine au weekend. Subtilement aussi, l’activité de marché surfe pleinement sur le besoin du public d’une ré-humanisation de l’échange commercial en réaction à la froideur anonyme de la grande distribution.

Si bien que, sans complexe, le marché s’est réinventé. De afterworks en animations culturelles, d’animations familiales en moments culinaires-, il s’impose comme un lieu de loisir, de fête, de convivialité , de plaisir, de partage. Sans jamais perdre de vue ses fondamentaux de commerce bon marché, de vitrine de produits frais, d’alimentation de qualité tout en favorisant les innovations. C’est, par exemple, sur les marchés que les food trucks ont décollés. C’est là aussi que certaines tendances alimentaires s’affirment. Comme le « bio » ! Les marchés sont devenus d’ardents promoteurs des produits bio au point que certains (place du Luxembourg, place Saint-Denis, place Sainte-Catherine…) se sont spécialisés à fond dans ce créneau porteur d’économie circulaire.

Les marchés bruxellois ont réussi à capter et merveilleusement épouser les attentes et les tendances. Au point que ce secteur économique pèse aujourd’hui d’un poids non négligeable sur l’activité de la région capitale avec quelque 859 mini-entreprises actives sur la zone dans le secteur du commerce ambulant. Le créneau « marchés » crée de l’emploi et permet aussi à certains d’entreprendre sans gros investissements ni procédures lourdes.

Il est en effet plutôt simple d’exploiter son étal sur les marchés bien que le cadre légal général bruxellois en la matière soit pour le moins alambiqué voire très contrasté. D’où la motivation du Ministre Gosuin à initier l’étude (1781 clients et 425 commerçants ambulants ont été sondés pendant un an) et surtout à publier un guide « Pourquoi et comment mieux penser les marchés à Bruxelles ». Celui-ci est destiné à tous les acteurs concernés, tant commerçants ambulants que pouvoirs publics, de manière à les « accompagner » pour « mieux penser l’organisation » de cette activité vitale pour la vie bruxelloise.

Et puis, on connaît aussi l’amour des politiques pour les marchés, ces lieux stratégiques idéaux pour tracter son électorat communal à la veille des scrutins… Quand le marché va, tout va !

Fernand Letist

6 chiffres primeurs

92 marchés. C’est le nombre de concentrations d’étals à ciel ouvert qui s’activent chaque semaine en région bruxelloise. Quasiment le triple d’il y a 50 ans ! Et l’essor se confirme : ces cinq dernières années, 15 nouveaux marchés sont nés.

80%. Soit la part de Bruxellois qui fréquentent un marché au moins une fois par mois. 40% le font chaque semaine.

88,8 % des chalands considèrent qu’un marché augmente l’attractivité d’un quartier surtout s’il propose des produits originaux susceptibles de faire se déplacer une nouvelle clientèle.

63%. C’est la proportion des commerçants sédentaires dans la zone d’un marché qui jugent l’impact positif de celui-ci sur l’ambiance du quartier. 58,6% des commerces fixes constatent l’augmentation de fréquentation de leur coin et 33,8% disent enregistrer une hausse de leur clientèle les jours de marché. Au total, 75,6% des commerçants sondés qualifient les commerçants ambulants de « complémentaires » plus que « concurrents ».

859. C’est le nombre « d’entreprises de commerce ambulant » enregistrées sur Bruxelles-Capitale.

30% des food trucks belges sont actifs sur Bruxelles et en particulier sur les marchés, où ils ont débuté et testé leurs concepts. Le chiffre d’affaire de ce type de commerce ambulant est estimé à près de 30 millions d’euros.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire