En 2040, on prévoit que le vélo et la marche représenteront 14 % et 33 % des déplacements intrabruxellois. © JEAN-LUC FLÉMAL/BELGAIMAGE

Bruxelles : le transport de demain sera électrique et multimodal

Le Vif

La mobilité est un point noir à Bruxelles et la croissance démographique compliquera encore la situation dans les années à venir. Pour désengorger la ville, les solutions passent par l’aménagement de nouvelles infrastructures, mais aussi par un changement des mentalités.

Selon Bruxelles Environnement, pas moins de 190 000 voitures pénètrent chaque jour dans la capitale. Un nombre auquel il faut ajouter les 175 000 véhicules appartenant aux Bruxellois. Plus de la moitié des déplacements effectués en ville ne dépassent toutefois pas cinq kilomètres, ce qui laisse penser que d’autres solutions de transport sont possibles. Le projet de PRDD (plan régional de développement durable) de Bruxelles entend donc développer, dans les années à venir, une série d’alternatives à la voiture individuelle, en privilégiant la multimodalité.

Celle-ci passera inévitablement par un renforcement des transports en commun. C’est pourquoi la Stib s’est dotée d’un ambitieux plan d’investissement de plus de cinq milliards d’euros sur dix ans. Parmi les projets les plus importants, on note la transformation en métro de la ligne de prémétro allant de la gare du Nord à la place Albert, la prolongation de la ligne de tram 94 (qui est en cours) ou l’implantation de nouvelles liaisons.  » Pour la première fois depuis une vingtaine d’années, nous allons construire une nouvelle ligne de métro entre la gare du Nord et Bordet, précise Brieuc de Meeûs, directeur général de la Stib. Nous allons aussi créer la ligne 9 de tram entre Simonis et l’UZ Brussel. De plus, le réseau sera alimenté dès 2018 par 150 nouveaux trams.  »

Brieuc de Meeûs, patron de la Stib :
Brieuc de Meeûs, patron de la Stib :  » L’évidence est d’aller vers l’électrique. « © DIETER TELEMANS/ID PHOTO AGENCY

Mais le principal enjeu de la Stib pour le futur est la propulsion des bus qui, contrairement aux trams et aux métros, roulent encore au diesel.  » Nous avons l’intention d’acheter 220 bus hybrides et nous allons tester différentes marques dans les prochains mois. En parallèle, nous allons également essayer des véhicules électriques avec des techniques de charges différentes pour déterminer ce qui convient le mieux, poursuit Brieuc De Meeûs. L’évidence est d’aller vers l’électrique et nous y serons vite, même si cela impliquera des changements dans notre société, par exemple au niveau du travail des mécaniciens.  »

Des infrastructures pour piétons et vélos

D’après le directeur général de la Stib, un autre enjeu majeur pour faire évoluer la mobilité dans la capitale consiste à convaincre les usagers de changer leurs habitudes, en laissant de côté la voiture individuelle. Dans les années à venir, divers dispositifs comme la réduction des espaces de stationnement au profit de l’espace urbain ou encore la création de parkings de délestage devraient dissuader l’utilisation de l’automobile en ville. La voiture ne devrait pas pour autant disparaître de Bruxelles mais céder sa place aux véhicules partagés, qui peuvent remplacer jusqu’à dix ou vingt autos personnelles. De plus en plus d’acteurs de ce domaine sont déjà présents à Bruxelles, et leur nombre devrait encore augmenter car la Région estime le potentiel d’utilisateurs des voitures partagées à 25 000 personnes d’ici à 2020 (lire page 102). En plus de développer le réseau de carsharing, l’enjeu sera aussi d’orienter le secteur au maximum vers des motorisations électriques.

Cela dit, même si l’électrique revient souvent sur le tapis lorsqu’on évoque la mobilité bruxelloise de demain, celle-ci passera aussi inévitablement par les moyens de transport qu’on qualifie de  » doux « . Le projet de PRDD prévoit par exemple qu’en 2040, le vélo et la marche représentent respectivement 14 % et 33 % des déplacements intrabruxellois. Cette évolution devrait être encouragée par des travaux structurels comme l’installation de 80 kilomètres de pistes cyclables sécurisées prévue d’ici à 2020. Les pistes devraient notamment être ajoutées sur les côtés de grands axes comme la Petite Ceinture, mais aussi prendre à certains endroits la forme d’autoroutes pour cycliste afin d’assurer un meilleur accès à la ville depuis la périphérie.

La mobilité piétonne, quant à elle, devrait être favorisée à long terme par le renforcement de la sécurité de ces usagers faibles au sein de la circulation, mais aussi par le développement de zones piétonnes dans Bruxelles. Une évolution de la mobilité qui sera ainsi amenée à transformer la ville en profondeur. Et vice versa.

Par Marie-Eve Rebts.

Port et aéroport : des acteurs incontournables

Le port et l’aéroport de Bruxelles-National ont chacun des projets de mobilité ambitieux aux horizons 2030 et 2040. Dans la décennie à venir, le port devrait continuer à contribuer au désengorgement de la capitale, notamment avec des projets comme celui du terminal passagers ou du terminal roll on/roll off, destiné à éloigner du centre-ville le commerce des voitures d’occasion. Le port devrait aussi diminuer la circulation des camions dans Bruxelles grâce à la combinaison du bateau avec d’autres moyens de transport ayant un faible impact sur l’environnement (trains, tricycles, …) pour l’acheminement des marchandises vers leur destination finale.

L’aéroport de Zaventem, quant à lui, envisage d’ici à 2040 l’ajout de deux jetées pour les passagers, le renforcement de la zone Brucargo ou encore l’adaptation des pistes pour disposer d’une plus grande capacité aux heures de pointe. De nouvelles connexions aux transports en commun sont également prévues afin que, d’ici à 2040, au moins 50 % des travailleurs et voyageurs du site s’y rendent par des moyens de locomotion autres que la voiture.

Piétons motorisés

Monoroues, gyropodes, trottinettes et autres petits engins électriques sont aujourd’hui essentiellement considérés comme des jouets, mais pourraient véritablement contribuer à la mobilité de demain. Ces objets légers et motorisés permettent de parcourir rapidement de courts trajets, mais aussi de combiner facilement les modes de transport, par exemple en les emportant dans les trams, métros ou bus. Reste cependant à leur faire une place dans le trafic, tant au niveau de la législation que des infrastructures sur lesquelles ces engins peuvent circuler.

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