« Bruxelles flamande ? Pourquoi pas ? »

« On ne peut plus abandonner Bruxelles au clientélisme laxiste et dépassé » écrit Karl Vanlouwe (N-VA). « Tous ceux qui veulent en finir avec une capitale ingouvernable et invivable doivent se faire entendre. »

Dans les années 60, l’expression en lettres gothiques « Brüssel Vlaams? Ça Jamais! », umlaut compris, ornait les affiches du FDF. Elle témoigne de la mentalité de l’époque de nombreux francophones bruxellois : la Flandre, et par extension les Flamands n’ont pas grand-chose à faire à Bruxelles. Autrement dit, « Retournez dans votre village ».

Aujourd’hui, le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS) affiche ce même mépris quand les Flamands osent défendre la fusion des communes et des zones de police à Bruxelles. « Si les socialistes flamands n’accordent pas d’importance aux communes, alors je me demande s’ils doivent encore figurer sur nos listes aux prochaines élections. » Soit dit en passant, je suis curieux de voir ce que nos camarades flamands en pensent.

Du FDF à Vervoort, en 50 ans, l’aversion de certains anciens Bruxellois s’est également traduite en politique. Réforme de l’état après réforme de l’état, Bruxelles est devenue une entité en soi. De plus en plus de compétences, mais aussi moins de liens avec la Flandre et la communauté flamande. Au point même que la région bruxelloise bénéficie de compétences régionales par le biais de la COCOM. En dehors de Bruxelles et même à Bruxelles, personne ne sait ce qu’est cette Commission communautaire commune de Bruxelles-Capitale. Il est probable que les francophones souhaitent de plus en plus de compétences pour cet organe afin de diminuer la présence flamande dans la capitale.

Bruxelles-surtout-non-flamande donc? Une véritable réussite ! Une région avec plus de 1000 politiques : des conseillers municipaux, des conseillers CPAS, des échevins, des bourgmestres et des parlementaires dont une grande partie peut même exhiber le titre de ministre. Une région où on formule des théories grandiloquentes et où les responsables politiques tiennent de beaux discours sur la vocation de Bruxelles alors que parfois ils n’y habitent même pas. Une région dans laquelle ces messieurs dames bourgmestres parlent de cosmopolitisme, mais se cramponnent surtout à leurs propres baronnies.

Vous les reconnaissez? Ces bavardages sur les smart cities et la transformation de Bruxelles en ville du futur? En même temps, on trébuche sur les trottoirs en mauvais état. Et on peut s’estimer chanceux si aucune pierre ne tombe sur la tête quand on traverse les tunnels ou qu’on y est à l’arrêt, ce qui arrive assez souvent.

Tous les politiques locaux veulent avoir leur mot à dire et le font. Mais très peu de choses sont faites. Ils manquent de vision et d’ambition. Il semble que le seul lien entre Bruxelles et les autres grandes villes soit les chiffres de criminalité élevés et l’insécurité. Sans même parler de l’islamisme qui prospère dans notre ville. La seule ambition de Bruxelles consiste à être reconnue comme région à part entière, mais, entre-temps, on a gagné le titre international de « jihadi capital ». Aussi, le caractère invivable de Bruxelles semble-t-il proportionnel au fait que la ville soit ingouvernable. Précédemment, l’historien britannique Tony Judt avait déjà décrit Bruxelles comme « a metaphor for all that can go wrong in a modern city ».

La politique laxiste, et même parfois la non-politique, révèle peu de fierté à propos de la ville. C’est dommage, car Bruxelles recèle un potentiel élevé. C’est une ville animée, qui me fascine. Elle est très ouverte et possède un grand nombre d’institutions européennes et internationales. C’est pourquoi je déplore la mauvaise publicité qui entoure Bruxelles, autant en Belgique qu’à l’étranger. On ne peut qu’espérer que les informations internationales à propos de la politique laxiste du PS qui ont conduit à l’enlisement des problèmes de société et à l’alimentation de la radicalisation religieuse soient un signal d’alarme.

La non-politique a fortement endommagé la ville et son image. N’est-il pas temps de se débarrasser des recettes actuelles appliquées à Bruxelles ? Elles ont en tout cas très mauvais goût. Changeons de cap. Ainsi, les institutions flamandes à Bruxelles par exemple fonctionnent assez bien. Notre enseignement est florissant, parfois il est même victime de son propre succès. Nos initiatives culturelles sont appréciées par beaucoup de Bruxellois et de non-Bruxellois. Et nous avons un bon trajet d’intégration pour les nouveaux venus à Bruxelles, qui n’est malheureusement pas obligatoire comme en Flandre.

La mentalité et l’approche flamande peuvent se révéler bénéfiques pour Bruxelles. Plus de transparence. Plus d’efficacité. Plus d’ambition.

Peut-être que la présence flamande à Bruxelles doit être davantage que simplement la présence des institutions. Peut-être que la mentalité et l’approche flamande peuvent se révéler bénéfiques pour Bruxelles. Plus de transparence. Plus d’efficacité. Et plus d’ambition. Moins de tabous et de comportement « on détourne le regard », mais de l’assertivité et de la franchise : nommer les problèmes et s’y attaquer, même quand cela ne semble pas politiquement correct. En quoi moins de blabla et plus de rigueur poseraient-ils problème ? Law-and-order, vous savez. Des recettes qui fonctionnent ailleurs aussi.

Heureusement, cette approche « flamande  » ne se retrouve pas exclusivement auprès des différents partis flamands. Mais à Bruxelles il y a trop peu de politiques qui s’y attellent, qui osent s’y atteler.

Le clientélisme

On ne peut plus laisser Bruxelles au clientélisme laxiste à l’ancienne. Demandez à l’ancienne figure de proue du PS Merry Hermanus. Et on ne doit pas compter non plus sur le pseudo-socialisme du cdH bruxellois ou la correction politique d’Ecolo. Tous ceux qui veulent en finir avec une capitale ingouvernable et invivable doivent se faire entendre. À bas la mentalité insulaire, bienvenue à une véritable vision de la capitale. Le mot « leefbaarheid » dans le sens de sécurité, propreté et de qualité de vie, n’est pas facile à traduire en français. Mais essayons d’introduire ce concept à Bruxelles grâce à une politique énergique. Notre capitale y gagnera.

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