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Bruno Tobback : « Le discours de De Wever commence à montrer ses limites »

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Dans une interview au Vif/L’Express de cette semaine, le président du parti socialiste flamand égratigne Didier Reynders et vise la N-VA. Tout en prônant la fin des réformes de l’Etat.

Dans un entretien publié ce jeudi par Le Vif/L’Express, Bruno Tobback, président des socialistes flamands, se montre acerbe et sans langue de bois. Pour lui, « le problème en Belgique, c’est que nous finançons l’essentiel de notre sécurité sociale en taxant ceux qui travaillent et ceux qui donnent du travail. Par contre, le système est très avantageux pour ceux qui ont tout – Bernard Arnault, Gérard Depardieu, la reine Fabiola… Moi, je propose d’inverser la logique. Sur ce point, le gouvernement a déjà avancé. Depuis un an, la taxation du capital a augmenté pour un total d’environ un milliard d’euros. Dans le même temps, on a réduit le coût salarial pour un montant équivalent. A mes yeux, cela reste insuffisant, mais depuis que j’ai entendu Didier Reynders évoquer une nationalisation de la sidérurgie, j’ai bon espoir… Je compte sur Didier-le-nouveau-marxiste. Non seulement pour réduire encore le coût salarial, ce qui permettra de sauver des emplois, mais aussi pour taxer davantage les revenus du capital, afin qu’on puisse continuer à payer les pensions et les allocations de chômage pour les ouvriers de Mittal. »

Sur l’âge de la retraite, Bruno Tobback estime que pour le moment, c’est une discussion inutile. Et pour ceux qui ont déjà travaillé vingt ou vingt-cinq ans, c’est un tabou absolu. « Mais il faut être honnête vis-à-vis des jeunes, comme ma fille de 14 ans : pour eux, l’âge de retraite ne sera plus de 65 ans. Il faut au moins travailler la moitié de sa vie. Sinon, qui va financer l’autre moitié ? »

Sur le communautaire, le patron du SP.A est très clair : « Toute ma vie a été ponctuée par des réformes de l’Etat. Un jour, il faut que ça s’arrête. Soit on s’oriente vers deux pays indépendants. Je ne vois pas comment, mais bon… Soit on bâtit une fédération qui fonctionne. Je crois que la 6e réforme de l’Etat permet ça. Il y a peut-être deux ou trois choses à changer, mais le projet de Johan Vande Lanotte, avec une fédération à quatre partenaires égaux (Flandre, Wallonie, Bruxelles, Communauté germanophone), pourrait être le point final. Le temps d’une génération en tout cas. »

L’actuelle réforme de l’Etat, la sixième depuis 1970, devrait stabiliser le pays « peut-être pour toujours. Je n’ai pas d’a priori, mais ça devrait quand même être l’ambition, non ? Je ne compte pas passer ma vie politique à préparer la réforme de l’Etat suivante. »

Et sur Bart De Wever, l’homme le plus populaire de Flandre ? « son discours commence à montrer ses limites. On le voit à Anvers. Jusqu’en décembre, s’il n’y avait pas assez de places dans les écoles, c’était la faute du bourgmestre. Maintenant que c’est lui le bourgmestre, c’est la faute du gouvernement flamand. Les gens vont commencer à se demander : celui-là, quand osera-t-il prendre ses responsabilités ? Quand on doit soi-même assumer des décisions, ça devient très difficile de dire que c’est toujours la faute des autres. Par ailleurs, après le discours de Noël d’Albert II, avec la référence aux années 1930, Bart De Wever a dit : le roi ferait mieux de se taire, vu l’attitude de son père pendant la guerre. Aucun journaliste n’a souligné que la suite logique de cette remarque, c’est que De Wever est contre toute forme d’amnistie. Si le roi doit se taire à cause du comportement de son père pendant la guerre, alors plusieurs personnalités politiques devraient aussi se taire, compte tenu de ce que leurs parents ont fait entre 1940 et 1945. »

L’intégralité de l’interview, dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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