Thierry Denoël

Bonus Dehaene : un cas emblématique

Thierry Denoël Journaliste au Vif

Le président du Parlement européen a donc entendu, à Strasbourg, Jean-Luc Dehaene sur les 86 000 stock-options auxquelles il a droit en tant qu’ex-administrateur d’AB Inbev.

Les stock-options de Jean-Luc Dehaene valent à ce jour environ 3 millions d’euros. Le député aurait-il dû les mentionner dans sa déclaration d’intérêts financiers, tel que l’impose le nouveau code de conduite des membres du Parlement UE ? Plusieurs ONG, regroupées sous la bannière Alter-EU, le pensent. Elles avaient adressé une lettre en ce sens au président Martin Schulz, en pointant l’évident conflit d’intérêts entre les bonus et les devoirs de parlementaire de JLD.

Schulz a décidé de renvoyer le dossier au Comité d’éthique chargé de veiller à la bonne interprétation du code de conduite. Ce comité n’a qu’une compétence consultative. Mais Dehaene s’est engagé à suivre les recommandations qui seront formulées. Vu l’importance médiatique qu’a pris son cas, c’était le moins qu’il puisse faire. La décision du président du Parlement est, en tout cas, significative. Elle vise à asseoir la légitimité du Comité d’éthique. L’Allemand Martin Schulz, membre du groupe socialiste, a déjà montré sa volonté de faire avancer le laborieux projet de « transparence » au sein des institutions européennes.

Au-delà du cas particulier de notre ancien Premier ministre, c’est justement ce long processus, visant à établir une plus grande transparence au niveau du lobbying et des conflits d’intérêts, qui est en cause. Si, depuis quelques mois, les députés sont soumis à de nouvelles règles de conduite, les lobbyistes, eux, sont invités à s’inscrire dans un registre qui est public . Ces nouveautés, acquises avec patience contre les réticences des uns et des autres, restent malgré tout inaccomplies. Le registre n’est pas obligatoire. Le code de conduite est suffisamment vague que pour être interprété de manières différentes : pourquoi ne pas y inscrire plus explicitement les intérêts financiers visés, dont les stock-options, les participations dans des sociétés privées, etc. ? Comme nous le disait l’eurodéputée Ecolo Isabelle Durant, qui a participé à l’élaboration du projet , « ce système est appelé à évoluer. Ce n’est pas un outil figé. » La transparence est un long combat…

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