Bonne nouvelle, la France va voir de quoi le FN est incapable

Rengaine classique post-premier tour des municipales en France après les très bons chiffres du parti de Marine Le Pen et des villes supposées basculer. Les partis traditionnels cherchent à couper des têtes, les abstentionnistes sont pointés du doigt, la démocratie convulse. Et si tout ceci était plutôt de bonne augure ?

Les membres de l’UMP et du PS risquent de tenir des discours alarmistes tout au long de la semaine. Moralisation sur le devoir de citoyen, rappel des heures les plus sombres de l’histoire. Et ils auront certainement raison. Pardonnez-moi de parler de ma petite personne, mais une analogie m’obsède depuis les premiers résultats de ces municipales 2014. Quand j’étais enfant, ma grand-mère racontait une histoire de brochet cannibale qui régnait sur la pièce d’eau du jardin. Ce terrible poisson nous terrorisait mes frères et moi, jusqu’au jour où nous l’avons retrouvé mort à côté de l’étang. Nous nous sommes aperçus qu’il s’agissait en réalité d’un tout petit vertébré pathétique.

Des bleus !

Considéré comme un parti d’extrême-droite à bien des égards, le Front National adoucit son image depuis des années, sous l’impulsion de son leader Marine Le Pen qui séduit un électorat jeune, fait de l’oeil à mémé, se montre ferme et virile pour convaincre tonton et gagne du terrain. La preuve encore aujourd’hui. Le succès du parti est-il lié à sa douce idéologie ou à son plan de communication bien huilé ? Cochez la case qui convient. L’exemple de Béziers et des faits d’armes de Robert Menard vous guideront vers la bonne réponse. Le journaliste aussi brillant soit-il, est un bleu (marine) en politique et menace un trône de 18 ans d’âge à partir d’un simple plan marketing. La force de frappe du parti le plus en vue de la Ve République ne pèse pas lourd : 2 sièges à l’Assemblée Nationale, un sens très personnel de l’économie et un ancien auteur du Bébête Show ! Qu’ils conquièrent donc quelques fiefs et prouvent donc au reste du monde que les « beaux » discours face caméra sont moins évidents à tenir une fois les mains dans le cambouis. Il est regrettable d’en passer par là, mais quelques sièges sacrifiées valent mieux qu’un pays entier à l’agonie. Le FN peut difficilement gouverner sur son programme.

Des règnes locaux laborieux

Historiquement protestataire, le FN gagne des villes, dans le milieu des années 90 pour la première fois. Jacques Bompard à Orange, Jean-Marie Le Chevallier à Toulon, Daniel Simonpieri à Marignane, puis la dynastie Mégret à Vitrolles. Des communes qui offrent certes, peu de moyens d’action pour la mise en place des grands chantiers idéologiques du parti, type préférence nationale, baisse de la fiscalité, sécurité, discours anti-corruption. Mais au final, le bilan ne tient pas la marée. Et comme pour les autres partis dont les frontistes s’estiment plus valeureux, le même scénario se répète : clientélisme, affaire, gestion financière médiocre. A cela s’ajoute une petite touche personnelle en plus : anéantissement de culture, politique sociale résumée à une seule idée – je vous le donne en 1000 – la préférence nationale. Chassez l’immigré si vous y tenez, mais dirige-t-on une nation en agitant des épouvantails de pacotille ? Il n’est évidemment pas question ici d’inciter à voter de telle ou telle manière, mais simplement de rappeler certains points, malheureusement immuables. Que le Français sanctionne du fond de son isoloir, c’est son droit. Il va dévoiler les candidats du Front et enfin prouver ce qu’ils ont sous la cagoule. Sa voix par les urnes va permettre au brochet de sortir de la pièce d’eau. Retrouvera-t-on ce dernier mort sur le côté de l’étang ou replongera-t-il pour naviguer en eaux troubles ? Suite d’un feuilleton complexe, mais passionnant pour l’avenir de nos voisins et de l’Europe, au second tour.

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