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Bientôt une viande certifiée « bien-être animal » en Flandre

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Le ministre flamand du bien-être animal, Ben Weyts (N-VA), propose la mise en place en Flandre d’un label pour une viande respectueuse des animaux comme il l’en existe déjà un aux Pays-Bas. En Wallonie, l’optique serait plutôt de soutenir un des labels déjà existants et d’en assurer une promotion afin qu’il devienne le standard.

Il existe déjà un label pour les produits équitables, tout comme une certification pour ceux issus de l’agriculture biologique. Mais il n’existe pas encore en Belgique de viande certifiée respectueuse de l’animal.

C’est l’ambition du ministre flamand du bien-être animal, Ben Weyts (N-VA). Ce label certifiera que l’animal a été élevé de manière éthique. Le ministre indique ressentir une forte demande de la part des consommateurs pour ce type de certification de qualité et de respect de l’animal. Sa proposition vient du constat qu’il n’est pas toujours facile de savoir d’où vient la viande qui atterrit dans nos assiettes, et surtout, comment l’animal qui l’a produite a été traité. Ce label permettra aux consommateurs de choisir leurs denrées en toute connaissance de cause.

Ben Weyts se réfère au label « Beter Leven » développé aux Pays-Bas. Il se retrouve sur des produits à base de poulet, de dinde, de lapin, de porc et de boeuf, sur des oeufs et sur des produits laitiers. A ce jour, 40% des viandes vendues aux Pays-Bas mentionnent cette étiquette. Il a trois niveaux. Plus le nombre de critères respectés en matière de bien-être animal est élevé, plus le produit a d’étoiles. Le niveau « 3 étoiles » correspond aux critères de bien-être animal de l’agriculture biologique.

Ben Weyts aurait aimé travailler en collaboration avec nos voisins néerlandais pour introduire ce label dans le nord du pays, mais cela ne s’est pas concrétisé. Il a alors donné la mission à Piet Vanthemsche, vétérinaire et ancien dirigeant du Boerenbond, de mettre en place ce système valable dans toute la Flandre. Pour la fin du mois de septembre, Piet Vanthemsche analysera le marché, comparera ce qui se fait déjà dans d’autres pays européens et recensera des exemples concrets pour les animaux, les consommateurs, mais aussi les producteurs de viande et les négociants, peut-on lire dans le communiqué du ministre du bien-être animal flamand.

Le but affiché: que la grande distribution et les bouchers rejoignent le système centralisé. « Je veux éviter que chaque grande surface arrive avec son propre label, car cela serait source de confusion », déclare Ben Weyts. Cette qualité aura cependant un certain coût, ajoute le ministre.

Pas de nouveau label en Wallonie

Contacté par nos soins, le cabinet du ministre wallon du bien-être animal, Carlo Di Antonio (cdH), évoque les pistes envisagées en Wallonie à ce sujet, dont l’instauration de clauses « éthiques » pour les marchés publics afin que les autorités ou organismes soumis à cette législation puisse acheter des produits plus respectueux du bien-être animal. «  Ils pourront insérer des clauses dans leur marché en reprenant les modèles. Cela se réfèrerait à des labels existants, dont notamment Belbeef et surtout « Beter Leven » initié au Pays-Bas. Ce dernier est l’un des plus connus et des éleveurs wallons sont tentés d’y recourir », nous explique Fanny Charpentier, porte-parole du cdH.

Contrairement à l’idée de la Flandre d’instaurer un tout nouveau label, l’optique serait plutôt de soutenir un des labels déjà existants et d’en assurer une promotion au niveau wallon afin qu’il devienne le standard. « Le risque avec l’instauration d’un nouveau label, propre à la Wallonie, dans ce domaine est de complexifier la compréhension des consommateurs qui se trouveraient confrontés à plusieurs labels ayant la même ambition, mais avec des divergences », poursuit Fanny Charpentier.

La porte-parole du cdH ajoute que la mise sur pied d’un label pour les abattoirs et à un projet d’arrêté permettant l’abattage à la ferme est en cours. « Cela vise à encadrer la pratique pour des besoins de bien-être animal et répond au Code wallon du bien-être animal ». Une évolution au niveau de la législation fédérale AFSCA afin d’assurer la sécurité de la chaine alimentaire pour ce type d’abattage (conditions de transport et délais pour ce qui concerne la carcasse) serait alors nécessaire.

Poulets ‘de chair’ vs. poulets bios

L’élevage industriel intensif de poulets pour satisfaire une demande croissante de cette denrée à bas prix est, entre autres, pointé du doigt par les associations de défense des animaux. Cet élevage intensif, même s’il respecte les règles minimales européennes en la matière, est peu respectueux du bien-être animal.

Les poulets dits « de chair » dans le jargon sont parqués dans des bâtiments sombres et sans aucun aménagement avec peu d’espace par animal (17 à 22 poulets/m2). Ils n’ont pas accès à l’extérieur et leur croissance rapide leur cause des problèmes de santé. Sélectionnés pour un rythme de croissance très élevé, ils atteignent leur poids d’abattage entre 38 et 40 jours (soit âgés de moins de 6 semaines) et deux fois plus rapidement qu’il y a 30 ans. De plus, ils reçoivent des doses d’antibiotiques au cours de leur courte vie.

A l’opposé de cet élevage industriel intensif, un poulet avec certification bio sera produit de la manière la plus respectueuse possible. Il bénéficiera de deux fois plus d’espace pour vivre, aura une croissance beaucoup plus lente et une durée de vie deux fois plus longue. Il aura à sa disposition de la paille, un perchoir, de la lumière naturelle et un accès à un espace extérieur. Il sera nourri avec des aliments issus de l’agriculture biologique.

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