Willy Borsus © Belga

Bientôt un deuxième CETA?

En Wallonie, les critiques politiques contre le Mercosur, l’accord de libre-échange européen avec quatre pays d’Amérique du Sud, enflent. Jusqu’où ira la résistance wallonne ?

Fin juin, l’Union européenne a conclu un accord de principe avec le Mercosur, l’union douanière de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay, pour conclure un accord de libre-échange. Grâce à cet accord commercial, l’Europe espère obtenir un meilleur accès au quatrième plus grand marché intérieur du monde. Mais l’accord se heurte à une forte opposition de la part des organisations agricoles. Elles craignent d’être balayées par la concurrence de l’agriculture sud-américaine.

En Wallonie, c’est la Fédération wallonne de l’agriculture qui mène la résistance. « Cet accord ouvre la porte à la concurrence déloyale « , déclare Anne Pétré, porte-parole de la FWA. « Les exigences de qualité européennes dans le domaine du bien-être animal et de l’environnement sont beaucoup plus élevées qu’en Amérique du Sud. Mais dans le projet actuel, de tels produits de qualité inférieure seraient tout simplement autorisés sur notre marché. C’est mauvais pour les consommateurs et les agriculteurs. »

Lors de la foire agricole de Libramont, la FWA a présenté une pétition contre l’accord de libre-échange, qui a été signée avec empressement par les représentants de tous les partis francophones. Parmi eux, le Premier ministre wallon Willy Borsus (MR), qui déclare au Soir que sous sa forme actuelle la partie agricole de l’accord est « inacceptable » et pourrait représenter un « grand danger » pour les agriculteurs wallons. Toutefois, Borsus a souligné que ses déclarations étaient un point de vue personnel. Le ministre fédéral de l’Agriculture Denis Ducarme (MR), pourtant membre du même parti, n’a pas signé la pétition.

Ces inquiétudes rappellent la résistance contre le CETA. En octobre 2016, le ministre-président wallon de l’époque, Paul Magnette (PS), a refusé de signer l’accord de libre-échange avec le Canada. Pendant plusieurs semaines, la Wallonie a été le village gaulois proverbial, resté seul à résister à l’appel à la ratification du CETA. Le 25 octobre 2016, la Belgique a finalement été le dernier pays européen à donner son approbation.

Le scénario est loin d’être imaginaire. La FWA, forte du soutien des politiques wallons, a placé la barre très haut. Anne Pétré estime qu’il devrait y avoir une exception pour les produits agricoles. Cette situation semble à son tour inacceptable pour les pays d’Amérique latine, qui veulent pouvoir exporter leur production agricole à plus grande échelle. La FWA est déterminée à accroître la résistance. « Nous sentons beaucoup de soutien politique », dit Pétré. « Si rien ne se passe, nous nous mobiliserons dans les mois à venir. »

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