Dyab Abou Jahjah et Ahmet Koç © Belga

Bientôt deux partis des Belges issus de l’immigration en Flandre et à Bruxelles?

Erik Raspoet Journaliste Knack

Dyab Abou Jahjah et Ahmet Koç travaillent chacun de leur côté à un nouveau parti politique. Serreront-ils les rangs, ou leur rupture est-elle définitive ?

En mai dernier, Dyab Abou Jahjah et Ahmet Koç ont diffusé un message commun. En septembre, ils présenteraient un nouveau parti, axé sur les Belges issus de l’immigration. L’initiative des deux enfants terribles de la politique flamande a été abondamment commentée. Ces dernières années, le Belge libanais Abou Jahjah, fondateur de la Ligue arabe européenne, inspirateur du Movement X, s’est surtout fait remarquer pour ses opinions polémiques. Le conseiller provincial limbourgeois Ahmet Koç doit sa notoriété nationale à son exclusion du parti socialiste flamand suite à ses propos séditieux après le coup d’État avorté en Turquie.

Ahmet Koç travaille à une liste turque pour les élections communales du 10 octobre. Parallèlement, Dyab Abou Jahjah poursuit son mouvement politique – d’ailleurs de concert avec l’avocate gantoise Meryem Kaçar, ancienne sénatrice de Groen et tout comme Koç d’origine turque.

Y a-t-il de l’eau dans le gaz? Dyab Abu Jahjah ne veut pas parler de dispute ou de brouille. « Le fait est qu’il y a un mois que je n’ai plus parlé à Koç », dit-il. « Il faut lui demander pourquoi, moi je continue à travailler au projet ». Meryem Kaçar est l’une des initiatrices », admet-il. « Mais je parle avec beaucoup de gens. Avec des personnes issues de l’immigration, mais aussi avec d’autres gens. Les Belges sont les bienvenus, s’ils soutiennent le programme et apportent une plus-value. Pas d’autochtones prétextes donc. » Hormis Meryem Kaçar, on ne connaît pas les noms. « C’est trop tôt », déclare Abou Jahjah. « Nous souhaitons organiser une conférence de presse autour du 20 janvier. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous dévoilerons le nom, et que nous présenterons le programme et la direction du parti ».

Il est bref à propos de la rupture avec Koç. « Il est toujours le bienvenu, mais il faut qu’il soit sur notre longueur d’onde. Nous voulons évoluer vers un mouvement large pour tous ceux qui ne se sentent pas représentés au sein du paysage politique ». Est-ce là que se trouve le grand écart ? Koç, champions des voix au sein de la communauté turco-limbourgeoise se focalise-t-il trop sur sa base ? Ou est-ce ailleurs que le bât blesse, comme nous l’apprend une source bien informée au sein de la communauté turque à Gand ? « Ils se sont disputés à propos du nom du président du parti », dit-il.

« C’est absurde », déclare Ahmet Koç. « Ni Dyab ni moi n’avons exigé le leadership. C’est aux membres d’élire le président pendant un congrès. Malheureusement, toutes les personnes autour de la table n’avaient pas toutes autant de maturité politique, d’où les discussions. » Pourquoi n’a-t-il pas parlé à son colistier depuis un mois ? « Dyab souhaite surtout se concentrer sur Bruxelles. Cela rendait tout complexe, car lors des discussions entre Flamands et francophones, nous avons fini par devoir utiliser des textes en anglais. »

« En plus, je trouvais que nous avions assez palabré. Je voulais prendre la route, rencontrer des gens. C’est ce que je fais maintenant, je parcours toute la Flandre à la recherche de soutien. Il y a beaucoup d’intérêt, y compris de la part de conseillers communaux, et même d’échevins », affirme Koç qui ne veut pas citer de noms. Tout comme Abou Jahjah, il ne souhaite pas miser exclusivement sur la communauté des migrants. « Fin janvier, nous avons organisé un congrès de lancement. J’ai déjà engagé un bureau de communication ». Deux lancements pour deux nouveaux partis qui ciblent surtout, mais pas exclusivement les électeurs issus de l’immigration ? Koç espère fermer les rangs. « Il serait très bête de se présenter séparément à l’électeur », dit-il.

D’ici octobre, Koç espère soumettre des listes électorales à Gand, Anvers, Malines et dans les centres miniers limbourgeois Genk, Beringen, Heusden-Zolder, Houthalen-Helchteren et Maasmechelen. Ce sont exactement les villes où Abou Jahjah souhaite se déployer même s’il y ajoute Bruxelles Ville, Schaerbeek, Saint-Josse, Molenbeek, Anderlecht et Ixelles.

Il n’y aura pas de cartels avec des partis existants « en 2018 », déclare Abou Jahjah. « Nous souhaitons établir la réputation du parti sous son propre nom. Et en plus, si c’est pour former un cartel avec un parti, autant devenir membre. Nous voulons faire entendre une nouvelle voix : à gauche de sp.a et Groen, à certains égards à droite du PTB ». Abou Jahjah brandit des sondages qui légitiment un certain optimisme pour le 10 octobre. « Parmi les Belges issus de l’immigration, nous atteignons 40 à 50%. En Flandre, car à Bruxelles nous avons plus de concurrence, notamment de la part des baronnies PS. Pourtant, je suis d’avis que notre plus grand potentiel se trouve là. Les Bruxellois issus de l’immigration ne supportent plus non plus le clientélisme des partis traditionnels ».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire