Dave Sinardet

BHV : les nerfs sont à vif

Ces dernières semaines, toutes sortes de déclarations dans les médias ont rompu le silence qui entourait la mission royale confiée au plombier national, Jean-Luc Dehaene. Les dissensions communautaires auraient refait surface. Or cette agitation ne reflète pas tellement une opposition entre Flamands et francophones, mais plutôt entre ceux qui veulent la conclusion d’un accord sur BHV et ceux qui ne le veulent pas.

Par DAVE SINARDET

Pendant la semaine avant Pâques, le ministre flamand des Affaires intérieures, Geert Bourgeois (N-VA), réitère la décision de ne pas nommer les trois bourgmestres des communes à facilités de la périphérie bruxelloise, décision qu’Olivier Maingain compare aussitôt avec le comportement de l’occupant allemand. Quand, quelques jours plus tard, la VRT dévoile que des bourgmestres flamands de la périphérie s’arrangent avec des promoteurs immobiliers, Bourgeois défend cette pratique tandis que le FDF monte encore d’un cran dans la dramatisation.

Cette escalade typique n’a rien de surprenant. Tant la N-VA que le FDF ne veulent pas d’accord. La N-VA ne vise pas seulement la chute du gouvernement fédéral, mais veut aussi démontrer que la Belgique ne fonctionne plus. De surcroît, des élections portant sur son core business sont le rêve de tout parti politique. Cela vaut aussi pour le FDF qui, en plus, a d’autres intérêts électoraux à faire valoir, puisque, avec le MR, de tous les partis francophones, il recueille le plus de voix à Hal-Vilvorde.

En tout cas, si on veut aboutir à un accord, on ne compare pas ses interlocuteurs avec l’occupant allemand. La N-VA et le FDF sont dès lors des alliés objectifs, qui se renforcent mutuellement. Si Maingain n’existait pas, De Wever devrait l’inventer. Si De Wever n’existait pas, Maingain devrait l’inventer. Généralement, la suite du scénario est que les autres partis de part et d’autre de la frontière linguistique se rangent aux côtés des radicaux ou, à tout le moins, ne les attaquent pas. Mais, cette fois-ci, les provocations ont été regrettées ou, au moins, n’ont pas été cautionnées par les partis qui cherchent un compromis communautaire.

Au CD&V, la présidente Marianne Thyssen a critiqué Bourgeois ou, du moins, son timing. Leterme a fustigé les « provocations », au pluriel, et Eric Van Rompuy, pas vraiment connu pour sa modération communautaire, a chapitré les actions de ses coreligionnaires de la périphérie. Bien sûr, le CD&V marche sur la corde raide. En faisant entrer la N-VA au gouvernement flamand, il a attribué un rôle-clé à Bourgeois pour augmenter les tensions et faire barrage à certaines solutions. Mais le CD&V veut réellement un compromis sur BHV, tout comme l’Open VLD, le SP.A et Groen !.

Le PS et Ecolo, eux aussi, n’ont pas participé à la surenchère communautaire. Le CDH a un peu plus haussé le ton, mais ne sortait pas de la logique de négociation non plus. La question reste : quid du MR ? Maingain y a renforcé sa position, grâce à son appui inconditionnel à Didier Reynders, contesté au sein de son parti. Du reste, à Bruxelles, il n’y a presque plus de grosses pointures MR, hormis des FDF.

La stratégie de ceux qui rejettent tout accord consiste évidemment à polariser le climat communautaire de façon à rompre le front de ceux qui veulent en finir avec ce dossier. C’est de bonne guerre. Or, à l’heure où j’écris ceci, ils n’y sont pas encore parvenus. Mais la situation peut vite évoluer. Une chose est sûre : la grandeaffaire ne sera pas encore conclue quand vous lirez ces lignes.

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