L'Athénée Léonie de Waha à Liège © BELGA

Benjamin Herman n’est pas toujours rentré en prison comme prévu

Benjamin Herman, l’auteur de l’attaque à Liège qui a fait trois morts dont deux policiers mardi matin, n’est pas toujours rentré en prison comme prévu à l’issue de ses autorisations de sortie, contrairement à ce qui a été communiqué par le ministre de la Justice Koen Geens, relèvent les titres Sudpresse mercredi.

Benjamin Herman a bénéficié de 11 permissions de sortie et de 13 congés pénitentiaires qui « s’étaient bien déroulés », selon le ministre Geens.

Or, lors l’une d’entre elles, début 2016, l’individu a réintégré l’établissement pénitentiaire de Namur où il était incarcéré avec « plusieurs jours en retard », selon Valérie Hendrikx, porte-parole des Maisons de Justice.

« Une détention limitée a été octroyée à Benjamin Herman en date du 29 octobre 2015 et a été exécutée le 8 janvier 2016. Le 11 mars 2016, le tribunal d’application des peines a cependant révoqué la mesure suite au rapport de signalement rédigé le 23 février 2016 par l’assistante de justice en charge du dossier. En effet, Benjamin Herman n’avait pas regagné la prison de Namur le 22 février 2016 », communique la porte-parole.

On ignore la raison pour laquelle le prisonnier ne s’est pas présenté à temps à la prison de Namur. Il a ensuite dû patienter jusque octobre 2017 pour obtenir à nouveau des permissions de sortie, au départ de la prison de Marche cette fois.

Par ailleurs, les titres Sudpresse mentionnent que, également 2016, le 5 mars exactement, Benjamin Herman s’évade de la prison de Lantin et, deux jours plus tard, le 7 mars 2016, il commet un nouveau vol avec effraction. La police ne parvient cependant pas à mettre immédiatement la main dessus puisqu’il ne sera repris que le 7 mars 2017, soit un an, jour pour jour, après son évasion.

« Rendre plus stricts les congés et permissions de sortie aurait l’effet inverse »

Kristel Beyens, professeur de pénologie au sein du département Criminologie de la Vrije Universiteit Brussel (VUB), plaide, dans une opinion parue mercredi dans De Standaard, pour le maintien des congés pénitentiaires et des permissions de sortie des détenus. Ces systèmes sont très importants pour la réinsertion des détenus et les rendre plus stricts aurait un effet inverse, rendant la société moins sûre, estime-t-elle. L’auteur de l’attaque à Liège mardi avait bénéficié d’un congé pénitentiaire pour deux jours.

« L’attribution de ces modalités d’exécution de la peine n’est pas automatique mais le résultat d’un processus de décision impliquant plusieurs personnes », souligne Mme Beyens.

On ne dispose pas de chiffres exacts mais une précédente étude, dans les années 1990, avait pointé un faible pourcentage d’échec (3%) pour les congés pénitentiaires. La commission de nouveaux faits reste très rare.

« Chaque nouveau crime est un de trop et surtout lorsqu’il y a des morts. Mais il est important de garder les permissions de sortie et le congé pénitentiaire ou de ne pas les remettre en question trop rapidement. Pour les condamnés, il s’agit des premiers pas hors de la prison et ils constituent ainsi des leviers pour une réintégration réussie », ajoute la professeure en pénologie.

Selon celle-ci, de plus en plus de détenus se sentent découragés lors du processus de libération. « Ils restent en prison jusqu’au bout et sont donc libérés sans aucune possibilité de suivi pour la justice. Rendre le système plus strict aura un effet inverse et assurera moins de sécurité pour la société. Ce que nous devons absolument éviter. »

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