Theo Francken © Belga

« Beaucoup d’électeurs du MR apprécient la ligne dure de Theo Francken »

En Belgique francophone, la résistance face à la politique migratoire prend de l’ampleur. Au sein du MR, le débat est extrêmement difficile, estime notre confrère de Knack.

Dimanche dernier, au moins 10 000 personnes ont affronté le froid sibérien pour manifester en faveur d’une politique d’asile et de migration plus humaine. Beaucoup de manifestants sont heurtés par la loi sur les visites domiciliaires, qui doit permettre les perquisitions dans les habitations où résident des personnes en séjour illégal en Belgique. « Même le syndicat policier nous soutient dans notre opposition contre la loi sur les visites domiciliaires », affirme Mehdi Kassou de BXLRefugees, la plateforme citoyenne qui a participé à l’organisation de la manifestation.

D’après Kassou – qui souligne que les organisateurs ont compté environ 15 000 manifestants – la résistance à la politique d’asile actuelle est un « phénomène national. » Pourtant, il est frappant que la part de manifestants de Wallonie (40%) et Bruxelles (35%) soit nettement plus élevée.

Pourtant, l’avis sur la migration est le même des deux côtés de la frontière linguistique, déclare Dirk Jacobs, sociologue à l’ULB. « La différence principale, c’est la façon dont on en débat. Dans le débat francophone, on est encore attaché par principe aux droits de l’homme. En Flandre, on est plus pragmatique. Une notion telle que ‘gutmensch’ qui en Flandre qualifie les personnes qui plaident pour une politique d’asile clémente, n’existe tout simplement pas en Belgique francophone. »

En outre, le MR du Premier ministre Charles Michel n’adopte pas de position univoque dans le débat de migration. Ainsi il y a le parlementaire Alain Destexhe, qui défend la ligne dure du gouvernement et reproche leur naïveté à « certains collègues libéraux ». Les Bruxellois qui offrent un abri aux migrants « encouragent l’immigration illégale », déclarait-il dans une opinion parue sur Le Vif. D’autre part, il y a les anciens coryphées du MR tels que le gouverneur de la province de Liège Hervé Jamar, qui héberge des migrants. Et il n’est pas le seul, affirme Kassou. « Nous travaillons ensemble avec un autre député MR qui héberge aussi des réfugiés. »

« Le sujet d’asile et de migration pose problème au MR », confirme le politologue Pierre Verjans (Université de Liège). Il voit une rupture étonnante entre électeurs et militants. « Beaucoup d’électeurs du MR apprécient la ligne plus dure d’hommes politiques comme Theo Francken et Jan Jambon. Mais pour les militants, qui ont des valeurs plus libérales, la politique actuelle est plus difficile à avaler. »

Sous la présidence de Louis Michel, le MR se profilait à peine sur le sujet, explique Verjans. « Mais sous Charles Michel et Olivier Chastel le parti a bougé. Aujourd’hui, il veut être à la fois un parti classique-libéral et law and order. C’est fondamentalement intenable. Un jour, il faudra choisir. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire