© Frédéric Pauwels

« Bart De Wever est un homme dangereux »

Dimitri Verhulst est considéré comme l’une des grandes voix de la littérature néerlandaise contemporaine. Ses romans trustent les palmarès des meilleures ventes dans le nord du pays. Auteur de « La Merditude des choses », adapté avec succès au cinéma et bientôt disponible en poche, il critique Bart De Wever et le nationalisme.

En 2007, Le Vif/L’Express avait organisé une rencontre entre le chanteur Daan et vous. L’un comme l’autre, vous dénonciez avec férocité le nationalisme flamand. Depuis, vous semblez réticent à vous exprimer sur la politique. Pourquoi ?

En janvier, j’ai tout de même participé à une soirée au KVS, le théâtre royal flamand de Bruxelles, contre la scission de la Belgique. Mais je suis de moins en moins la politique, car les débats actuels me semblent inintéressants. Pendant que nous discutons de nos petits problèmes, le monde avance. J’ai peur que la Belgique décline. Nos routes vieillissent, notre réseau ferroviaire vieillit. Si nous n’y prenons garde, nous allons devenir le tiers-monde de l’Europe.

C’est aussi le discours de la N-VA : des réformes sont nécessaires pour préserver notre bien-être, mais la gauche dominante en Wallonie empêche de les mener à bien.

Ce n’est rien d’autre qu’un discours populiste et xénophobe qui vise à replacer le flamingantisme en haut de l’affiche. Oui, je me sens honteux quand je vois les responsables politiques de mon pays passer leur temps à débattre de sujets sans intérêt. Bruxelles-Hal-Vilvorde, c’est juste un problème administratif. Si des Flamands pouvaient voter pour des Wallons au niveau fédéral, et que des Wallons pouvaient voter pour des Flamands, ce serait aussitôt résolu. Depuis quarante ans, les Wallons ont un Premier ministre pour lequel ils n’ont pas pu voter. Je trouve ça antidémocratique.

Aux dernières élections, la Wallonie a voté à gauche et la Flandre à droite. Bart De Wever y voit la preuve que la Belgique se compose de deux peuples aux aspirations distinctes.

Il a tort. Nous avons une histoire commune, une mentalité commune. Attention : je ne suis pas belgicain. Mais, à un moment, on doit pouvoir accepter un pays comme un axiome. Regardez la carte d’Afrique : les frontières ont parfois été tracées à la latte. Mais ça marche ! Il faut parfois admettre les frontières telles qu’elles existent, et travailler dans ce cadre-là.

Considérez-vous Bart De Wever comme un homme dangereux ?

Oui, il est dangereux, dans le sens où il n’est pas nuancé. Et le manque de nuance est toujours dangereux, car cela revient à taire une partie de la vérité. Il utilise un langage sarcastique, très apprécié par de nombreux Flamands.

Entretien : François Brabant

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