Assemblée générale de la Deutsche Bank, le 23 mai à Francfort. Le CEO Christian Sewing a eu du mal à calmer jusqu'à ses actionnaires. © KAI PFAFFENBACH/REUTERS

Banque: 2019, l’année de l’écrémage

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

En optant de plus en plus pour l’e-banking, les clients forcent les banques à repenser leurs services. Et à se débarrasser d’un personnel devenu excédentaire, ou inadéquat. Idem chez Proximus, qui sabre dans l’effectif avant de réengager.

Ce sont les banques qui auront le plus trinqué. Mais aussi des entreprises comme Proximus, NMLK ou Lhoist, qui ont annoncé de solides plans de restructuration. Sans parler des aveux de faillite, comme chez le verrier Durobor ou le tour-opérateur Thomas Cook . Le contexte macro-économique est connu : l’économie se digitalise, les clients modifient leurs habitudes de consommation, la croissance ralentit, la Belgique reste une petite économie, très ouverte sur le monde, donc très dépendante de l’état de santé de la planète. C’est dans cette toile d’araignée tissée de contraintes et d’incertitudes que les entreprises doivent tenir le cap. Et prendre dès à présent les mesures qui leur garantiront un avenir.

Le secteur bancaire, qui n’est pourtant pas le plus mal loti, doit faire face à quelques difficultés supplémentaires : la grande faiblesse des taux d’intérêt – euphémisme ! – qui grignote les marges des institutions, d’abord. L’arrivée sur le marché d’acteurs qui ne viennent pas du sérail bancaire, ensuite. L’opérateur télécom Orange, le transporteur Amazon et autres Facebook avec sa cryptomonnaie Libra déboulent et bousculent les banques traditionnelles qui ne les avaient pas vu venir. La numérisation grandissante des opérations impose en outre aux banquiers d’investir lourdement, entre autres dans la cybersécurité. Enfin, les banques sont, comme d’autres, confrontées à l’inadéquation de leur  » ancien  » personnel avec les nouveaux métiers qu’elles doivent désormais assurer.

Dans ce contexte compliqué, BNP Paribas Fortis a annoncé 2 500 suppressions de postes. Chez ING, on en compte 3 000, et 1 400 chez KBC. Dans la plupart des cas, il s’agit de diminuer le volume du personnel via des départs naturels, le plus souvent en deux ou trois ans, et non des licenciements. Mais dans chacun de ces réseaux, des dizaines d’agences sont soit fermées soit entièrement automatisées, du fait d’une fréquentation par les clients qui ne cesse de faiblir. En octobre, ING a signalé la fermeture supplémentaire de 22 agences. Deutsche Bank faisait savoir à la même période qu’elle supprimait une quarantaine de postes sur les 633 qu’elle compte en Belgique.

Dernière annonce en date, l’achat par Crelan de la banque Axa Belgique, pour 540 millions d’euros. Au vu du nombre d’agences des deux réseaux qui doublonnent, certaines seront condamnées à terme. En 2008, le pays en comptait encore 8 250, pour 5 133 dix ans plus tard. Le mouvement de raréfaction n’est certainement pas fini.

Pas de quoi empêcher l’arrivée d’une nouvelle banque : NewB doit obtenir l’agrément (en 2020) mais la coopérative qui se veut éthique et durable a réuni les 30 millions d’euros indispensables pour décrocher sa licence bancaire.

Sabrer avant de réengager

Chez Proximus, situation un brin différente de celle du secteur bancaire. L’entreprise va bien : au deuxième trimestre 2019, son chiffre d’affaires domestique dépassait le milliard d’euros, en léger recul par rapport à 2018. Sa direction n’en a pas moins annoncé un plan social en début d’année, axé sur la digitalisation. Ses clients réclament sans cesse de nouveaux services numériques et l’Internet des objets, une tendance qui force l’opérateur à penser à de nouveaux types de connectivité. Il s’agit donc pour Proximus de  » se transformer  » en se séparant de 1 341 personnes et en en réengageant dans la foulée quelque 1 250 autres, disposant des formations ad hoc. Le gouvernement fédéral, qui n’avait pas été informé préalablement de la décision, a refusé le moindre licenciement sec.

On notera encore, cette année, les réductions de personnel, parfois sans licenciements secs, enregistrées chez NMLK (290 emplois), Lhoist (117), Coca-Cola (132), Ikea (115) et Sonaca (145). L’industrie verrière Durobor a, elle, fait aveu de faillite, laissant 146 personnes sans travail.

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