Avec un taux de réussite de 15,47%, l’examen d’entrée en médecine est « une boucherie »

Le Vif

Des 3.535 étudiants qui ont passé l’examen d’entrée pour les études en médecine ou en dentisterie le 10 juillet dernier, seuls 547 ont franchi l’obstacle sans encombre. Ce qui équivaut à un taux de réussite de 15,47%, selon les chiffres définitifs que communique samedi l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (Ares). Une boucherie, pour la Fef (Fédération des étudiants francophones). Une seconde épreuve aura lieu le 4 septembre.

En 2017 et 2018, le taux de réussite avoisinait respectivement les 18 et 20%. Parmi les étudiants, 20% environ présentaient une nouvelle fois l’examen après l’avoir déjà passé en 2017 ou en 2018. Deux tiers étaient des candidates et un peu plus d’un tiers, les « non-résidents », venait de l’étranger pour l’occasion. Les compétences étaient évaluées dans quatre matières formant la partie scientifique (chimie, biologie, physique, mathématiques) et dans quatre autres constituant la partie relative à la communication et à l’analyse critique de l’information (raisonnement, communication, éthique, empathie).

Les lauréats devaient obtenir une moyenne d’au moins 10/20 pour chacune des deux parties ainsi qu’un minimum de 8/20 pour chacune des huit matières.

Des 547, 109 sont des non-résidents, soit 20% des lauréats. Leur nombre étant inférieur à 30% des réussites, il n’a pas été nécessaire de procéder au classement prévu par la législation pour les départager le cas échéant, précise l’Ares. Ces étudiants venant de l’étranger ont donc franchi la barre des 100 lauréats, « illustration de la très grande attractivité de l’enseignement supérieur belge francophone en général, et pour les domaines médical et paramédical en particulier », commente Julien Nicaise, administrateur de l’Académie. « Illustration aussi qu’une part conséquente des futurs médecins et dentistes que nous formons dans nos universités retourneront dans leur pays d’origine une fois diplômés », ajoute-t-il.

Comme les années précédentes, les résultats sont nettement meilleurs pour les candidats médecins que pour ceux voulant devenir dentistes (où l’on recense 39 réussites, soit moins qu’en 2017 et 2018) et pour les étudiants résidant en Belgique par rapport à ceux venant de l’étranger, observe l’Académie.

Elle constate en outre que la deuxième partie de l’épreuve est en moyenne mieux réussie que la première. Les candidats et candidates peuvent à présent prendre connaissance de leurs résultats individuels via leur compte en ligne, où, le cas échéant, ils peuvent télécharger l’attestation de réussite. Ils peuvent également y consulter en ligne la copie de leur examen à partir de ce dimanche. La deuxième épreuve aura lieu le 4 septembre. Les inscriptions s’ouvriront mardi et se poursuivront jusqu’au 19 août.

La journée de l’examen d’entrée, une « boucherie »

« L’examen d’entrée s’est révélé être une fois encore une journée-boucherie pour plusieurs milliers d’étudiants », fulmine ainsi Chems Mabrouk, présidente de la Fef, qui constate un taux de réussite encore plus bas qu’en 2017 et 2018. Cette sélection à l’entrée des études de médecine est le reflet d’une sélection sociale, selon l’organisation.

L’enseignement secondaire francophone fait partie des plus inégalitaires des pays de l’OCDE, rappelle-t-elle. L’examen d’entrée portant sur des matières qui sont dispensées dans l’enseignement secondaire, il sélectionne dès lors sur base de ces inégalités, en conclut sa présidente.

La Fef souligne par ailleurs la pénurie actuelle de médecins en Belgique, tant en Communauté flamande qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles. « Cet élément est un argument supplémentaire pour dénoncer l’absurdité du contingentement et de l’examen d’entrée. Le système de planification actuelle datant de 1997 n’a pas pu éviter cette situation de pénurie avec, pour conclusion, un effet délétère sur l’accessibilité des soins ou sur la médecine de première ligne », déplore la fédération. L’organisation appelle donc les négociateurs politiques fédéraux à traiter et évaluer la question du contingentement fédéral lors de la prochaine législature.

Elle propose une planification alternative basée sur la régulation de l’installation, en prenant en compte les besoins locaux, afin d’assurer un système de santé efficace et accessible à tous.

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