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Au coeur des cliniques Saint-Luc -Jour 2 : « Nous n’accueillons pas forcément des oligarques et des cheiks »

Les Cliniques Saint-Luc n’ont pas vocation à être un  » avaloir  » à patients étrangers fortunés. Toutefois, l’hôpital universitaire a créé une Cellule internationale chargée de proposer son know-how médical à des patients du monde entier qui ne bénéficient pas, chez eux, du dernier cri en matière de thérapie. C’est le cas notamment des transplantations de foie avec donneur vivant et des cardiopathies congénitales. La Cellule s’occupe également des patients belges sans couverture sociale.

La Cellule internationale des Cliniques Saint-Luc accueille deux types de patients : les Belges sans couverture sociale et les patients étrangers qui ne bénéficient pas des mêmes techniques dans leur pays, sans pour autant que celui-ci soit forcément en voie de développement ou qui sont simplement de passage en Belgique.

Concernant les Belges sans couverture sociale, la cellule les informe sur les coûts réels de la santé en Belgique et tente de les convaincre de s’assurer. En comparant le prix coûtant et le prix mutuelle. Bien souvent, ce type d’argument suffit…

Pour les patients étrangers, c’est différent. Il faut d’abord s’entendre sur le terme « étranger ». Un Italien, par exemple, qui bénéficie d’un accord de coopération entre l’Italie et la Belgique ne fournira que sa carte européenne s’il arrive en urgence. S’il choisit de se faire opérer en Belgique, il lui faudra l’autorisation de la mutuelle dans son pays. Il sera alors traité aux mêmes tarifs qu’un Belge. Comme tous les ressortissants de l’Union européenne.

Un étranger hors Union européenne, qu’il soit russe, maghrébin ou moyen-oriental, ne bénéficie généralement pas d’accords de ce type. La cellule internationale détermine alors, souvent avec l’ambassade, le coût total des soins.

« Nous n’encourageons certainement pas le tourisme médical en accueillant des oligarques russes ou des cheiks saoudiens », insiste Simone Jaspert, qui dirige la Cellule internationale avec ses six collaborateurs qui parlent en tout 8 langues (Français, Néerlandais, Allemand, Anglais, Espagnol, Italien, Arabe et Kabyle). « Nous ne sommes pas un hôtel médical. Notre objectif est d’apporter notre expertise médicale à des patients étrangers qui ne disposent pas du même environnement hospitalier dans leur propre pays. » Bruxelles compte comme on le sait une foule d’expatriés, des fonctionnaires européens, des diplomates… Un terrain fertile.

Dans ce contexte, une des « spécialités » de Saint-Luc est la greffe hépatique pédiatrique par donneur vivant. Les Cliniques en ont réalisé plus de 300 sur ces dernières années. Cette activité pour les patients internationaux est strictement limitée aux donneurs vivants et n’entre donc pas en concurrence avec les greffes pour lesquelles nos compatriotes sont sur liste d’attente. Les principaux intéressés par ce type d’opération avec donneurs vivants sont des personnes originaires du Maghreb et de Russie. Généralement, le patient arrive avec le donneur vivant, souvent membre de la famille pour des raisons de compatibilité. « Ils recherchent avant tout notre expertise, précise Simone Jaspert. Notre taux de survie pour ce type d’intervention est supérieur à 95 %. Les Cliniques Saint-Luc ont une certaine renommée, notamment le Pr Raymond Reding. »

Autre spécialité : les cardiopathies congénitales complexes. Cette pathologie fait partie de celles qui sont traitées au sein des « centres d’excellence » de l’hôpital universitaire. Ici aussi, les cardiologues néolouvanistes traitent de nombreux très petits enfants d’Afrique et du Moyen-Orient où la médecine n’est pas toujours suffisamment avancée.

La dialyse est aussi une option importante pour les patients étrangers en vacances ou en voyage d’affaires dans la capitale belge. « Ils peuvent séjourner en Belgique et venir se faire dialyser dans notre hôpital 3 fois par semaine. Nous recevons tant des patients africains que des fonctionnaires européens. »

La Cellule internationale fonctionne depuis quelques années et se trouve à l’entrée de l’hôpital pour accueillir ces patients comme il se doit tant au niveau de la gestion opérationnelle, du plan légal que de l’estimation des coûts (puisque ces patients ne bénéficient pas toujours d’une couverture santé, en tout cas en Belgique). Ces flux pèsent entre 1 et 2 % du volume de patients traités à Saint-Luc.

Les soins aux patients étrangers constituent un service extrêmement utile, mais ils servent aussi la renommée de l’institution hospitalière bruxelloise qui comprend quelques sommités. « Bien souvent, un patient d’un autre continent pense d’abord se faire soigner aux USA, en Allemagne ou en Suisse. La Belgique, au niveau image, est un peu à la traîne alors que sa médecine et sa technologie médicale rivalisent dans certains secteurs avec de grands pays. Je pense les Belges sont trop modestes. »

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