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Attentats de Bruxelles: un calme glaçant après la tempête meurtrière

Anthony Planus
Anthony Planus Journaliste

Peu après les explosions, l’ambiance était irréelle aux abords de l’aéroport de Bruxelles: la route d’accès vers le hall des départs bouclée par la police, un ballet d’ambulances et des voyageurs par centaines, calmes et hagards, traînant leurs bagages vers Zaventem.

Attentats de Bruxelles: un calme glaçant après la tempête meurtrière
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En arrivant dans la commune de Zaventem ce mardi matin, tout semble calme. Mais au fur et à mesure que l’on s’approche de l’aéroport, on croise de plus en plus de personnes… traînant péniblement un bagage. En arrivant à un rond-point, des policiers dévient la circulation, entourés de nombreux voyageurs qui attendent. Quoi ? Eux-mêmes ne le savent pas. Pour trouver la direction du hall des départs, ce n’est guère compliqué. Il suffit de remonter le flux de rescapés du drame qui s’est joué une heure plus tôt, il suffit de trouver la source de cet exode de réfugiés, est-on tenté de dire, de la barbarie.

Au rond-point suivant, sous un viaduc, plus moyen d’approcher davantage. Les policiers veillent, tendus. Les ambulances vont et viennent. Les journalistes s’affairent. Des voyageurs attendent. « Nous n’avons pas vu grand-chose », nous explique un groupe de personnes âgées. « Nous étions dans le hall des arrivées lorsque nous avons entendu les explosions. Des morceaux de faux plafond se sont effondrés et nous nous sommes enfuis. Maintenant, nous cherchons à rejoindre Zaventem pour enfin rentrer chez nous. »

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« Il n’y a pas de sécurité ici »

Plus loin, assises sur un plot en béton, deux jeunes filles pianotent sur leur smartphone. Elles sont Turques et étaient arrivées tard lundi soir à l’aéroport de Bruxelles. Elles avaient décidé de passer la nuit sur place avant de rallier le centre-ville le lendemain matin. « Je somnolais sur un banc lorsqu’un policier m’a réveillée en sursaut. Il m’a dit de vite sortir. Mon amie était aux toilettes à ce moment-là, j’ai donc vite été la chercher avant de m’enfuir. Nous n’avons reçu aucune explication sur ce qu’il se passait. J’ai dû téléphoner à mes parents en Turquie pour savoir. »

Pour elles deux, c’est désormais l’inconnue. « Nous étions censées prendre un avion ce soir pour Prague. Maintenant, je ne sais pas trop ce que nous allons faire. J’ai peur d’aller vers le centre-ville. Il n’y a pas de sécurité ici. »

« Une des explosions n’était pas l’oeuvre d’un kamikaze »

Quelques mètres plus loin, un homme d’une trentaine d’années attend lui aussi. Il a témoin directement des explosions. Par contre, il n’a pas entendu de coups feu. « Tout était normal quand soudain, peu avant 8h00, une explosion a retenti… puis une deuxième. Il y avait beaucoup de fumée. J’ai bien vu l’une des explosions, c’était devant le guichet d’enregistrement de la compagnie américaine United Airlines et je ne pense pas qu’il s’agissait de quelqu’un avec une ceinture d’explosifs, mais plutôt d’un colis. J’ai couru et je me suis réfugié derrière des militaires. Je ne comprends pas pourquoi il n’y avait pas de chiens renifleurs. »

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« Run, run, terrorist »

Sous le viaduc, les journalistes sont de plus en plus nombreux. Belges, évidemment, mais aussi étrangers. Des langues slaves ou asiatiques se font entendre face à des caméras censées faire comprendre au monde l’horreur qui vient à peine de se dérouler. Assaillies par des équipes de télévision, deux jeunes filles témoignent. « Quelqu’un a sauté par-dessus une barrière en criant ‘run, run, terrorist’ et une bombe a explosé. Tout le monde s’est mis à courir en un mouvement de foule. Les gens se sont arrêtés. Puis la seconde explosion a retenti. »

Un autobus passe, rempli de voyageurs à la mine grave. L’évacuation a commencé. Les rescapés sont emmenés vers le centre de Zaventem et le hall omnisports. Du côté du personnel de l’aéroport, les hôtesses qui viennent prendre leur service sont invitées à rentrer chez elles. Les entreprises du site ferment, les travailleurs quittent peu à peu les lieux, qui ne seront plus jamais les mêmes.

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