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Attaque sur la Gare Centrale : ce que l’on sait

Muriel Lefevre

La Gare Centrale de Bruxelles a échappé de peu à une attaque à la bombe mardi soir. Les militaires présents sont directement intervenus en tuant l’assaillant. Cet homme de 36 ans, habitant de Molenbeek, était connu de la police. Voici ce que l’on sait sur ces évènements.

Les faits

« A 20H39, un homme est entré dans la Gare Centrale et est passé par la salle des guichets, puis est descendu vers les quais pour s’approcher d’un groupe de personnes. Il s’en est éloigné puis est revenu vers ce même groupe à 20h44. Il a saisi sa valise, a crié puis a provoqué une explosion partielle de sa valise qui a pris feu. Cette première explosion n’a blessé personne. L’individu est alors parti à la recherche d’un chef de gare sur les quais. Entretemps, la valise a explosé une seconde fois. Celle-ci contenait des clous et des bouteilles de gaz. L’individu a ensuite voulu attaquer un militaire dans le hall au cri de Allahou Akbar. Le militaire a abattu son assaillant qui a succombé à ses blessures. L’homme ne portait pas de ceinture d’explosifs, ni d’armes » a déclaré, en substance, Eric Van der Sypt, le porte-parole du parquet fédéral, lors de la conférence donnée à 11 heures.

Le témoin Nicolas Van Herrewege, qui travaille à la SNCB, raconte comment il a vu un homme déposer une valise trolley en bas des grands escaliers dans le hall de la gare.  » Il a commencé à crier. Et pratiquement en même temps, la valise a explosé. Il y avait quatre personnes autour, de simples passants cherchant à prendre leur train. Heureusement, personne n’a été touché. »

L’homme aurait aussi tenu des propos en lien avec le « djihad » et a crié « Allahou Akbar », a également indiqué mardi un agent des chemins de fer qui se trouvait sur les lieux au moment de l’explosion.

« Il portait un jeans foncé et une chemise blanche dont sortaient toute sorte de fils étranges » dit encore Van Herrewege. « Il parlait français et se dirigeait vers les voies ».

L’assaillant est ensuite arrivé en criant sur le perron, ce qui a provoqué un mouvement de panique. Plusieurs personnes se sont jetées sur les voies pour tenter de se mettre à l’abri. D’autres se sont cachés dans les petites niches sur et à côté des perrons. Le trolley aurait été rempli d’objet métallique, comme des clous. Il semble qu’il y a eu un problème avec la détonation, ce qui a du coup amoindri la force de l’explosion. Un plus grand drame a pu être évité grâce à cette défaillance.

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C’est un jeune avocat gantois de 23 ans qui est l’auteur de cette photo prise au moment des faits. « Je n’ai pas vu de terroriste, ni quelqu’un de concret qui était en train de courir », raconte Rémy à la RTBF. « Il y avait beaucoup de gens effrayés qui cherchaient de la protection et qui allaient sortir de la station… Comme le feu était assez petit, j’ai pensé que ça pouvait être un appareil électronique qui avait explosé… Ce n’est que quand j’ai entendu la 2ème explosion suivie de coups de feu que j’ai pensé que je devais vraiment partir… » a t-il déclaré à la RTBF.

Si ce n’est l’assaillant lui-même, on ne déplore aucune victime.

L’action des policiers et des militaires semble également avoir été déterminante. « Les militaires ont fait un excellent travail et les polices locales et fédérales ont fait ce qu’ils devaient faire, à savoir protéger les citoyens. Les faits d’hier ont prouvé qu’on était préparé et que les mesures étaient adéquates », a souligné Jan Jambon.

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Lors de la conférence de presse du Conseil National de sécurité, le Premier Ministre Charles Michel a confirmé qu’un attentat terroriste avait été évité grâce à l’intervention exemplaire des militaires. Il a également salué le professionnalisme de la SNCB et de la STIB.

La Grand-Place avait elle aussi été brièvement évacuée mardi soir, mais c’était par précaution. Une heure après tout était rentré dans l’ordre.

Qui est l’assaillant ?

L’assaillant est né le 12 janvier 1981 et est d’origine marocaine. Ce résident de Molenbeek n’était pas connu pour terrorisme, il ne se trouvait pas non plus sur la liste de l’Ocam (Organe de coordination pour l’analyse de la menace). Il est tout de même connu des services de police pour des affaires de moeurs, notamment pour trafic de drogue précise une source à la police. Son corps est resté jusqu’aux petites heures du matin dans la gare, car les services de sécurité craignaient qu’il y ait encore des risques d’explosion.

Selon le parquet l’assaissant n’avait ni explosifs, ni armes sur lui.

Une perquisition est en cours au domicile de l’assaillant, situé boulevard Louis Mettewie à Molenbeek-Saint-Jean, à hauteur du boulevard Prince de Liège, à la limite d’Anderlecht, a indiqué mercredi vers 10H00 une source politique concernée.

Le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, a quant à lui confirmé que l’identité du suspect avait été « trouvée assez vite », laissant le soin au parquet fédéral de révéler les détails à ce sujet.

Le niveau de menace reste à 3

Le Centre de crise a pris des mesures complémentaires pour les heures et jours à venir à la suite de l’acte terroriste isolé perpétré à Bruxelles-Central mardi soir. Le Premier ministre Charles Michel n’a pas souhaité préciser la teneur de ces mesures mais a confirmé que les contrôles seraient plus intenses. « La présence des policiers sur le terrain sera renforcé », a aussi assuré le ministre de l’Intérieur Jan Jambon.

Charles Michel a par ailleurs souligné que l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (Ocam) avait confirmé le maintien de l’évaluation de la menace au niveau 3, soit une menace « possible et vraisemblable comme c’est déjà le cas depuis un certain nombre de mois ». « Cela signifie qu’il n’y a pas d’indication d’un attentat qui pourrait être imminent », a-t-il ajouté. Les mesures complémentaires de sécurité concernent certains endroits et évènements publics. « En trois ans, nous avons été confrontés à plusieurs attentats et tentatives d’attentat. Nous avons appris que le risque zéro n’existe pas, même si c’est notre objectif. (…) Une fois encore, la conviction que je veux exprimer, c’est que nous ne nous laissons pas intimider par les terroristes. Nous allons continuer à vivre le plus normalement possible même si nous devons rester vigilants », a souligné M. Michel.

Les trains roulent à nouveau

Suite à l’attaque les trains et les métros avaient été mis l’arrêt mardi soir. La Gare du Nord a elle aussi brièvement été évacuée mardi soir. Rapidement, les trains avaient en effet cessé de circuler dans les principales gares de la capitale, qui composent également la jonction Nord-Midi: Midi, Bruxelles-Central et Gare du Nord. Ces deux dernières avaient été totalement fermées, tandis que Bruxelles-Midi ne servait plus que de « gare terminus ». Quelques heures plus tard, le feu vert a été donné pour que les trains circulent à nouveau sur la jonction, mais sans arrêt à Central.

Ce matin, la situation est revenue à la normale. Le trafic des trains a repris normalement sur la jonction Nord-Midi mercredi vers 9h20, a fait savoir le porte-parole d’Infrabel Frédéric Petit. Les trains peuvent à nouveau s’arrêter à la Gare Centrale depuis 8h15. La circulation s’est normalisée peu après la fin de l’heure de pointe. De petits retards subsistent, mais ils devraient se résorber d’ici la fin de la matinée.

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