La centrale nucléaire de Tihange © BELGA/Eric Lalmand

« Arrêter le nucléaire, ce n’est pas forcément une bonne idée »

« Réduire le nucléaire c’est bien. L’arrêter, ce n’est pas forcément une bonne idée pour la Belgique », a résumé lundi Pierre Lorquet, vice-président de Capgemini Consulting Belgique, à l’occasion de la présentation de la 18e édition du rapport énergétique européen du groupe français de conseils aux entreprises.

« Aujourd’hui, le nucléaire est très présent en Belgique et il y a peu, voire pas d’alternative qui progresse rapidement. Dans ce contexte, nous sommes d’avis que le nucléaire doit continuer à faire partie du mixte énergétique belge », a-t-il affirmé en pointant « la marche arrière du Japon » sur la question ou encore « les problèmes techniques rencontrés par l’Allemagne en matière d’acheminement de l’énergie ».

Selon les chiffres avancés par Capgemini, le nucléaire représentait 27% de la capacité installée en 2015 en Belgique mais 37,5% de l’électricité produite.

« Nous doutons qu’une solution suffisante puisse être dégagée pour 2025, date prévue de la sortie du nucléaire en Belgique, d’autant que l’importation d’énergie ne constitue pas une solution miracle » alors que les pays voisins sont eux aussi confrontés à des difficultés. Depuis 2009, le Royaume importe déjà plus que ce qu’il est capable d’exporter, a rappelé à ce propos Capgemini.

« Le nucléaire est une énergie programmable, contrairement aux énergies renouvelables qui sont par nature intermittentes. Quand il n’y a ni soleil, ni vent, on ne produit rien. Pour que ces énergies puissent remplacer le nucléaire, il faut donc que le stockage de l’énergie produite soit efficace et que le prix des batteries soit revu à la baisse », a renchéri Colette Lewiner, spécialiste de l’énergie au sein de Capgemini.

« Il existe un tas de bonnes idées mais le sujet est d’une grande complexité, en raison notamment du modèle de régulation et du modèle politique belges, le morcellement en vigueur impliquant de trouver des synergies entre les acteurs du secteur. Or, pour le moment, nous constatons surtout un manque de vision partagée de la part des différentes instances », a encore souligné Pierre Lorquet selon qui, par ailleurs, « le coût de l’énergie devrait être raisonnablement plus élevé afin que l’on puisse retrouver une capacité d’investissement ».

Entre 2015 et le premier semestre de 2016, le prix de l’électricité a progressé de 8% pour les ménages belges, dopé notamment par la hausse des coûts de distribution et des contributions pour l’énergie verte dont le coût devrait continuer à baisser dans les années à venir.

« Ces énergies renouvelables rendent indispensables des investissements supplémentaires pour moderniser les réseaux. Il faut également repenser la régulation européenne afin d’arriver à des prix justes, sans distorsion liée à des subsides », a enfin conclu Colette Lewiner.

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